Le chantier du métro 3 à nouveau repoussé : Bernard Quintin présente sa feuille de route pour Beliris

Mise en service du métro 3 retardée, réalisation de cyclostrades le long des voies de chemin de fer et quelques ralentissements sur de nouveaux projets, telles sont les grandes lignes présentées par le ministre Bernard Quintin (MR) pour Beliris.

Ce matin, Bernard Quintin, ministre de l’Intérieur en charge de Beliris, est venu présenter sa note d’orientation politique pour l’organe de collaboration entre le pouvoir fédéral et la Région de Bruxelles-Capitale pour le rayonnement de Bruxelles par la réalisation de projets de construction, de rénovation et de restauration. Une présentation très orientée sur les problématiques liées à la mobilité. Et un constat majeur : le chantier du métro 3 ne sera finalement pas prêt d’ici 2032.

Ce qui bloque, entre autres, c’est le report de la construction d’un nouveau tunnel sous la gare du Nord, par lequel devrait passer la future ligne 3. Ce chantier tourne au ralenti depuis mars 2023, quand une nappe d’eau a été découverte sous la gare. En concertation avec les entrepreneurs, bureaux d’études, Infrabel et la SNCB, Beliris avait alors développé des solutions alternatives, qui avaient été soumises à l’approbation du conseil d’administration de la STIB.

La société des transports bruxellois n’ayant pas donné de suite favorable à la proposition et le gouvernement bruxellois n’ayant pas approuvé le budget qui aurait permis de relancer le chantier, celui-ci ne pourra désormais pas atteindre son objectif, déjà repoussé, de voir le jour en 2032.

■ Reportage de Lisa Saint-Ghislain, Frédéric De Henau et Corinne De Beul 

► Reportage | Bruxelles freine les travaux du métro 3 face à des coûts qui explosent (03/03/2025)

La facture s’alourdit

La solution imaginée par Beliris devait profiter d’une interruption des services d’Infrabel pour intervenir. Réactiver le chantier à un autre moment demanderait des moyens plus importants, alors que le chantier coûtera déjà beaucoup plus cher que prévu. En termes de financement, Beliris intervient uniquement dans les travaux sous la gare du Nord mais aussi dans l’extension des lignes de métro vers Bordet. De leur côté, la STIB et la Région bruxelloise sont seules responsables des travaux de transformation des lignes de tram en métro entre la gare du Nord et Albert.

Dans sa présentation, le ministre Bernard Quintin (MR) détaille que Beliris a déjà versé 402,7 millions d’euros à la STIB au titre de préfinancement et 61,7 millions d’euros pour les études et les travaux de la gare du Nord. 51,8 millions d’euros doivent encore être transférés du fédéral vers la Région. En 2016, le montant initial du chantier avoisinait le milliard d’euros. Un budget qui n’a cessé de grimper depuis pour atteindre 1,5 milliard en 2020, puis 3,2 milliards en 2023. Si l’on ajoute à cela la deuxième partie du chantier, qui reliera Albert à la gare du Nord, le coût total du métro 3 devrait atteindre 4,7 milliards d’euros.

Une facture salée pour une Région au bord de la faillite qui appelle à un financement supplémentaire émanant du Fédéral. Une demande qui risque bien de rester sans réponse. “Les offres introduites dépassent de plus de 250 % l’estimation initiale. La Région n’a pas répondu aux différentes recommandations qui lui ont été proposées“, a expliqué Bernard Quintin. Comprenez, si la facture est si salée, c’est à la Région que revient la responsabilité.

► Lire aussi | Commission de concertation métro 3 : l’ARAU, le BRAL et IEB demandent la mise en œuvre de l’alternative Prémétro +

Sans gouvernement bruxellois…

“L’accord de gouvernement fait peser sur les crédits de liquidation de Beliris une économie de 25 millions d’euros dès 2025. Nous regardons à l’heure actuelle en fonction de la maturité des projets comment réaliser cette économie concrètement. Pour ce qui concerne le prochain avenant, il portera à tout le moins sur l’année 2025, et plus si un gouvernement régional de plein exercice est installé“, conclut le ministre en charge de Beliris.

La continuité des projets engagés n’est garantie que pour les avenants déjà approuvés par les deux gouvernements. “Les règles propres au mécanisme du fonds Beliris font que le programme se décide en concertation et se traduit dans un avenant à l’accord de coopération. Cet avenant doit être adopté par les deux gouvernements“, explique Bernard Quintin. Aucune nouvelle étude ne sera donc menée tant que Bruxelles restera sans gouvernement.

Pour autant, le ministre libéral assure que la mobilité reste une des priorités pour Bruxelles. “La mobilité est l’enjeu essentiel de cette ville, pour ceux qui y vivent et pour ceux qui y travaillent. Souvent, la politique de mobilité est grandement influencée par des aménagements de quartiers. Par des projets de réaménagements de voiries. Par la localisation de grandes infrastructures ou de lieux culturels. Dans chacun des projets, la dimension mobilité sera examinée de manière à envisager dans quelle mesure le projet pèse sur la mobilité des environs.“

D’autres projets

Néanmoins, Bernard Quintin détaille que Beliris travaille activement à la mise en place de cyclostrades le long des voies de chemin de fer, mais là aussi, il faudra attendre la formation d’un nouveau gouvernement bruxellois. “Éminemment complexe, ce projet fait appel à toute l’expertise de l’administration dans la mesure où, au-delà des difficultés techniques, il induit une étroite collaboration avec tous les partenaires concernés. Concrètement, les études de faisabilité, confiées à Beliris, sont terminées. Il conviendra de déterminer dans les prochains mois, en concertation avec les autorités locales, les tronçons qui devront être mis en œuvre. Parallèlement, les premiers travaux à réaliser le long de la ligne 28 démarreront dans les prochaines semaines.“

Parmi les travaux, le réaménagement du Parc de Forest devrait se terminer, les travaux des places Robert Schuman et Royale continueront et de nouveaux chantiers devraient se mettre en route pour les parcs Duden et Jupiter.

Des permis d’urbanisme devraient aussi être introduits prochainement dans les quartiers européen ainsi que du Mont des Arts. Une demande devrait aussi être introduite pour la rénovation du Parc du Cinquantenaire, pour préparer le bicentenaire de la Belgique.

B.M.