Le BrIAS conclut son cycle sur l’IA et la robotique avec un appel à l’éthique et à la durabilité
Le Brussels Institute for Advanced Studies (BrIAS), en collaboration avec l’ULB et la VUB, vient de conclure son premier grand cycle de recherches consacré à la robotique, à l’intelligence artificielle et à l’automatisation.
À cette occasion, le professeur Emanuele Garone, professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et directeur du BRIAS, a partagé les enseignements de cette année d’échanges et de réflexions.
Le BrIAS se définit comme un institut de recherche avancée mais se démarque des autres instituts du même type par son ouverture sur la société civile. “ Nous ne voulons pas que ces échanges restent confinés à l’académie. Nous cherchons à créer un dialogue avec la ville, les institutions, et à aborder des problèmes complexes sous un angle interdisciplinaire et sociétal”, explique Emanuele Garone,.
Tout au long de l’année, le BrIAS a organisé une série de conférences axées sur les enjeux sociétaux liés à l’IA. Parmi les thématiques abordées : la confiance dans l’IA, la législation, les villes intelligentes, ou encore l’impact des nouvelles technologies sur la démocratie. L’une des préoccupations majeures : comment intégrer ces technologies sans sacrifier les droits fondamentaux, la liberté individuelle ou la durabilité environnementale ?
“Il faut comprendre les outils qu’on utilise. Si on laisse des algorithmes prendre des décisions stratégiques, on s’expose à des biais importants. Il ne faut jamais perdre de vue qu’un algorithme ne détient pas nécessairement la vérité humaine ou éthique”, insiste le directeur du BrIAS.
Un autre axe important du cycle a été l’impact écologique de l’intelligence artificielle. Alors que l’usage de certains modèles peut être très énergivore, les chercheurs s’interrogent sur la manière de développer une IA plus durable. “On veut penser la technologie pour qu’elle soit au service de la durabilité, mais aussi de l’équité sociale. On ne peut pas demander aux citoyens de renoncer à certains services essentiels simplement pour des raisons écologiques. Il faut trouver un équilibre entre bien commun et libertés individuelles”, ajoute Garone.
Le prochain cycle du BrIAS portera sur un thème plus politique : la gouvernance démocratique face aux défis posés par les nouvelles technologies, les enjeux environnementaux et les crises de confiance. “Nous vivons une époque de polarisation accrue. Les réseaux sociaux renforcent souvent des opinions sans fondement scientifique. Cette perte de confiance dans la science, on l’a bien vue pendant la pandémie de Covid-19. ”
Cette défiance envers les institutions scientifiques touche aussi le monde académique. Les attaques contre les universités, en particulier aux États-Unis, inquiètent Emanuele Garone. Réduction des financements, restriction des visas pour les étudiants étrangers, et suspicion croissante à l’égard des chercheurs sont autant de signaux alarmants. “On voit la science accusée d’être politisée. Mais notre rôle à l’université, c’est justement de douter, de remettre en question, d’analyser. Ce n’est pas de dire aux gens ce qu’ils doivent penser, c’est de leur donner des outils pour comprendre.”
En clôturant ce premier cycle, le BrIAS réaffirme ainsi sa mission : faire dialoguer science, société et politique, dans un esprit de rigueur intellectuelle et d’ouverture.