La Ville de Bruxelles diminue la taille du futur centre commercial Neo
Le conseil communal de la Ville de Bruxelles a approuvé ce lundi, un nouvel avenant au contrat que lie la SCRL Neo et le groupe Unibail pour la construction du centre commercial sur le plateau du Heysel. Neo 1 est ainsi modifié, mais les incertitudes demeurent.
Cela faisait plusieurs semaines que le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close (PS), avait demandé une prolongation de la clause de rendez-vous entre la Ville et le promoteur Unibail. En plus, il en a profité pour revoir la taille du centre commercial qui devrait se construire sur le plateau du Heysel.
Pour rappel, ce projet Neo a été pensé voici plus de 10 ans avec un centre commercial de 70.000m², une zone de loisirs, des logements, une zone pour la pratique sportive, un hôtel, un centre de congrès et des équipements collectifs. En octobre 2020, la Ville décide d’abandonner le projet Neo 2, à savoir la construction du centre de congrès.
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Il semble préférable de rénover les palais de Brussels Expo plutôt que de construire un autre centre. C’est une question de vie ou de mort pour Brussels Expo dont l’activité a été totalement mise à l’arrêt durant la pandémie. Si les événements reviennent timidement, ce n’est toujours pas le cas des activités de foires et salons. Pour l’an dernier, le déficit de Brussels Expo est de 8 millions d’euros. La Ville de Bruxelles a réévalué son intervention financière et accordé un prêt à son ASBL, mais cela ne suffira pas.
Depuis, des négociations sont en cours avec la Région pour qu’elle investisse dans l’association ou qu’une nouvelle structure soit créée. Actuellement, les choses semblent être au point mort. Des négociations entre cabinets ont lieu, mais le ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort (PS), prend son temps.
La question de l’utilité du centre commercial
Dans le plan de financement initial, ce centre de congrès prévu dans Neo 2, devait être financé par le centre commercial prévu dans Neo 1. Dès l’abandon du centre de congrès s’est posé la question de l’utilité du centre commercial. Question d’autant plus cruciale que les majorités politiques ont changé depuis la conception de Neo et que les écologistes ne sont pas de grands partisans du projet.
De plus, avec la pandémie, les façons de consommer ont changé. Le local fait plus recette et les grands centres ne sont plus à la mode. D’ailleurs, un nouveau schéma de développement commercial est en cours d’élaboration à la Ville de Bruxelles.
Les voix opposées au projet de Neo 1 se faisant de plus en plus présentes, Philippe Close a dû concéder la révision du dossier. Obligation imposée également par les retards urbanistiques. En effet, le Pras (plan régional d’affectation du sol) qui doit permettre le réaménagement du plateau du Heysel a été approuvé par le gouvernement, mais vivement critiqué par les partenaires sociaux.
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La sécurité juridique du Pras n’est pas assurée. Alors pour le conforter le jour où il sera approuvé, la Ville de Bruxelles souhaite se lancer dans la confection d’un PPAS (plan particulier d’affectation du sol) ce qui lui permettra d’avoir les clés en main.
Revoir la répartition des fonctions
Dans l’esprit de ce futur PPAS, la Ville a donc signé un avenant au contrat. La construction du centre commercial sera phasée. Dans un premier temps, il ne pourra pas dépasser les 50.000m². Les 20.000m² restants pourront être construits par Unibail si nécessaire. L’investisseur doit ainsi revoir ses plans et prévoir un centre modulaire. La mixité commerciale et la conception du centre devront aussi être rediscutées.
Cela ne se fera cependant pas sous cette législature. Les délais deviennent trop courts. La nouvelle clause de rendez-vous est fixée pour 2026.
La question financière
Reste à savoir maintenant si la Région bruxelloise va continuer à croire dans ce projet. Elle est engagée au même titre que la Ville de Bruxelles dans la SCRL Neo qui devait financer le projet Neo 2. Si la Ville devait payer grâce au canon du centre commercial, la Région, elle, avait décidé de mettre 8 millions par an dans la SCRL avec d’avoir le capital de 168 millions d’euros à termes. Seulement, en 2022, la Région a décidé de ne pas approvisionner la SCRL. Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il en sera pour 2023, mais rien ne dit que la Région ne sautera pas encore cette année vu l’état de ses finances.
Quant à la Ville, elle a profité de cet avenant pour revoir aussi les indemnités de dédit. Elle ne devra pas verser plus de 9 millions d’euros hors taxe à Unibail si le projet ne se réalise pas. On est loin des 60 millions d’euros qu’elle devra peut-être verser à Ghelamco pour l’abandon du projet de construction du stade national sur le parking C. Mais, cela est une autre histoire toujours entre les mains des avocats.
Vanessa Lhuillier – Photo: BX1