La Région bruxelloise lance une Assemblée citoyenne permanente pour le climat

Après les panels citoyens et commissions délibératives, la Région bruxelloise lancera en 2023 une Assemblée citoyenne permanente pour le climat.

C’est une première mondiale, selon l’organisation G1000, plateforme belge destinée à mettre en avant diverses formes de participation citoyenne : la Région bruxelloise va mettre en place dès 2023 une Assemblée citoyenne permanente pour le climat. Cent citoyens seront tirés au sort pour proposer des solutions sur ce thème et surveiller ensuite ce que deviennent ces propositions.

Le principe d’assemblée citoyenne ou de commission citoyenne n’est pas neuf. De telles initiatives, focalisées sur le thème du climat, ont déjà été menées en Wallonie ou en France notamment. Des commissions délibératives sur les thèmes du sans-abrisme, de la 5G, de la biodiversité en ville ou encore du rôle des citoyens bruxellois en temps de crise ont également été organisées au sein du Parlement bruxellois. Mais la différence de cette assemblée citoyenne pour le climat est qu’elle sera permanente, sur proposition de l’organisation G1000 et du ministre bruxellois de la Transition climatique et de la Démocratie participative Alain Maron (Ecolo).

Les initiateurs de ce projet pointent l’urgence des mesures à prendre pour faire face au changement climatique et l’importance d’amplifier la cohésion sociale pour que la majeure partie des citoyens adhèrent à ces mesures. “La société va changer radicalement dans les décennies à venir. Afin d’associer le plus grand nombre de Bruxellois à ce changement et de renforcer la cohésion sociale, j’ai chargé les experts de G1000 et notre administration de concevoir un nouvel instrument démocratique. Cette Assemblée citoyenne pour le climat en est le résultat”, explique ainsi Alain Maron.

Le fonctionnement de l’assemblée

Comment va fonctionner cette assemblée citoyenne ? Cent personnes de plus de 16 ans siègeront de trois à six mois, durant un week-end par mois, pour débattre et discuter de propositions autour du climat. Ces personnes tirées au sort seront rémunérées à hauteur de 35 euros par jour, et pourront bénéficier si nécessaire de services tels qu’une garde d’enfants. Ces citoyens seront en outre ccompagnés d’une dizaine d’experts nommés pour trois ans pour les aider sur le plan politique, climatique, etc.

Cette assemblée ne remplacera donc pas le Parlement bruxellois sur ces questions, précise-t-on déjà. “D’autres acteurs vont s’exprimer : les politiques au sens traditionnel. Mais aussi la société civile en général, les partenaires sociaux, les acteurs de terrain qui sont directement concernés par la problématique… Ici, on ajoute un input citoyen fort et neuf a priori non politisé ; ce qui n’existe pas pour le moment”, explique Alain Maron dans le quotidien Le Soir. Ajoutant que c’est bien le Parlement bruxellois qui votera à terme les lois et ordonnances.

Le tirage au sort

Comment ces cent citoyens seront-ils tirés au sort et ensuite renouvelés ? Dès le 22 novembre, des courriers seront envoyés auprès de 10 000 personnes habitant en Région bruxelloise, tirées au sort. Ceux qui répondront favorablement (entre 10 et 12% selon les estimations du G1000, un chiffre basé sur des précédentes expériences d’assemblées citoyennes) seront ajoutés à une liste pour un tirage au sort plus représentatif de la population bruxelloise en termes d’âge, de genre, de langue, de niveau d’enseignement, d’habitat et d’intérêt pour la question climatique. Cette dernière question sera très importante pour avoir tant des personnes réticentes que très concernées par cette question dans l’assemblée. Celle-ci sera ensuite renouvelée selon la même méthode, tous les trois à six mois.

Les thèmes choisis pour cette première session seront proposés par Bruxelles Environnement, pour offrir une base de discussion, mais les thèmes des prochaines sessions seront ensuite proposés par 25 anciens membres de l’assemblée, également tirés au sort.

Quels pouvoirs ?

L’assemblée va discuter et débattre, puis émettra des recommandations. Si aucun consensus global n’a pu être trouvé, un vote à la majorité des 4/5e sera demandé pour qu’une recommandation soit acceptée.

Les recommandations seront ensuite transmises aux autorités régionales qui pourront les suivre ou non. Mais elles devront toujours justifier leur décision, quoiqu’il arrive. Ainsi, un comité de suivi avec dix anciens membres de l’assemblée rencontrera tous les trois mois les autorités pour s’assurer du bon suivi de ces recommandations.

Le premier rendez-vous de cette assemblée citoyenne sera prévu en février 2023. Ce sera ensuite à moyen terme qu’on découvrira les premiers résultats de cette assemblée citoyenne et leur implication sur la vie politique bruxelloise.

■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30.

Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck