La FEF manifeste contre la précarisation et les expulsions d’étudiants étrangers

Le revenu des garants des étudiants originaires de pays hors de l’Union Européenne doit désormais être bien plus élevé que ces dernières années, dénonce la FEF.

Une manifestation organisée par la Fédération des étudiants francophones (FEF) a démarré de la Gare du Nord ce jeudi matin à 10h00, pour protester contre la précarisation et les expulsions d’étudiants étrangers, entrainée par l’augmentation des exigences de revenus pour leurs garants. Plus de 200 participants venus des universités de Mons, Liège, Namur et Bruxelles étaient présents, d’après la FEF.

Selon la loi belge, chaque étudiant originaire d’un pays extérieur à l’Union européenne doit bénéficier du soutien d’un garant pour accéder à l’enseignement supérieur. Pour l’année académique 2023-2024, le revenu exigé pour ces garants a augmenté. Il a été fixé à 2 758 euros nets par mois, ce qui correspond à 120% du Revenu d’intégration sociale (contre 100% auparavant), auquel s’ajoutent 789 euros, dont chaque ressortissant d’un pays tiers doit disposer pour pouvoir étudier en Belgique.

D’après la FEF, ces montants sont souvent inatteignables. Faute de trouver un garant, certains étudiants risquent alors de perdre leur titre de séjour et de devoir quitter le pays, tandis que d’autres sont parfois victimes d’arnaques de la part de faux parrains malhonnêtes. “À l’approche des examens, c’est difficile pour ces étudiants de se concentrer pour étudier tout en s’inquiétant de cette question. Cette manifestation illustre leur ras-le-bol”, pointe Emila Hoxhaj, présidente de la FEF.

La fédération étudiante dénonce par ailleurs la situation précaire dans laquelle se trouvent certains étudiants étrangers. D’après l’association, l’accès aux aides du CPAS leur est en effet refusée par des “critères absurdes” et les démarches administratives auxquelles ils doivent faire face sont “lourdes, compliquées et injustes”.

Après s’être rassemblé à la Gare du Nord, le cortège s’est ensuite dirigé vers l’Office des étrangers, puis vers le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR), pour demander une révision de ces nouveaux montants exigés pour les garants.

“Aucun engagement clair”

“Les échanges ont été houleux“, a indiqué Emila Hoxhaj à l’issue de l’accueil d’une délégation de la FEF par la ministre. Nous avons été entendus, mais aucun engagement clair n’a été pris. Cela témoigne une nouvelle fois du mépris qui existe envers les étudiants les plus précaires. Tant qu’il n’y aura pas d’avancées concrètes, nous continueront de nous battre pour les droits des étudiants étrangers.”

Du côté du cabinet de Valérie Glatigny, on précise que les règles sur les conditions d’accès et de séjour sur le territoire, et donc les mesures concernant les garants, dépendent du niveau fédéral et pas des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le porte-parole de la ministre ajoute que des contacts ont été pris avec le gouvernement fédéral et l’Office des étrangers, soulignant “l’importance de l’équilibre entre la nécessité d’encadrer via des conditions claires l’arrivée d’étudiants étrangers hors-UE sur le territoire, et les réalités pratiques de terrain rencontrées par les acteurs de l’enseignement supérieur francophone”.

Concernant les délais administratifs, qualifiés d’“arbitraires” par la FEF, l’Office des étrangers se limite à indiquer que les demandes de titres de séjour sont analysées de façon chronologique et que l’envoi d’un grand nombre de demandes avant le début de l’année académique peut créer un engorgement dans le traitement des dossiers.

Avec Belga – Photos : Belga/Louise Delvaux

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11 mai 2023 - 14h25
Modifié le 11 mai 2023 - 14h33