La culture espère ne pas recevoir la visite de la police dimanche

Suite aux décisions du Codeco, le monde culturel a décidé de manifester en restant ouvert. Les communes, elles, ne savent pas comment réagir face à cette manifestation. Le ministre-président Rudi Vervoort (PS) a décidé de ne pas organiser de Conseil régional de sécurité.

Le risque de sanction n’a pas beaucoup d’importance aux yeux du monde culturel qui a donc décidé d’organiser la résistance en restant ouvert malgré la décision du Codeco de les faire fermer dès ce dimanche. Depuis hier, le nombre d’institutions culturelles qui ont décidé de braver l’interdit, s’allonge. A cette heure, le théâtre Le Public, les Tanneurs, le Varia, la Balsamine, l’Atelier 210, la Montagne Magique, le Théâtre des Martyrs, le Théâtre du Parc, les Riches Claires, le cinéma Kinograph, le cinéma Palace, le cinéma des Galeries, le Vendôme, le Théâtre de la Toison d’or, La maison qui chante (Ixelles), le Sounds Jazz Club et la Jazz Station de Saint-Josse ont annoncé ne pas vouloir baisser le rideau. Tous dénoncent une mesure totalement incompréhensible pour un secteur qui a déjà fait beaucoup d’efforts en termes de protection.

Voici les théâtres et cinémas bruxellois qui resteront ouverts

Au Rideau de Bruxelles, la directrice Cathy Min Jung a aussi décidé de rester ouvert. Une décision prise en équipe, mais qui ne pouvait pas être différente. “A chaque fois, on a participé à l’effort collectif, mais les mesures sont incompréhensibles et infondées. Rien ne justifie cette mesure. Très vite, on s’est dit que ce n’était même plus du mépris comme au début de la crise. On s’est dit, on joue avec nos pieds et d’une seule voix, on a dit non, on n’acceptera pas. On manifestera et notre manière de manifester, c’est de faire culture et d’ouvrir.”

La directrice ne craint ni la police ni les amendes. D’ailleurs si cela devait arriver, une action collective serait constituée. En plus, une manifestation aura lieu aussi ce dimanche avec un rassemblement à 14h place de la Monnaie.

Un recours au Conseil d’Etat

Certaines organisations ont décidé de prendre la voie juridique. La Ligue des droits humains et la Fédération des Employeurs des Arts de la Scène introduisent une action en justice contre ces mesures. Pour elles, la lutte contre la propagation du covid ne permet pas tout et la proportionnalité doit rester de mise. Les mesures sanitaires doivent être adéquates par rapport à l’objectif poursuivi, c’est-à-dire susceptibles de l’atteindre. Pour les associations, le doute est permis vu les réactions des experts. De plus, l’accès à la culture est un droit fondamental. Une action en référé sera déposée devant le conseil d’Etat. Les distributeurs et producteurs de films envisagent aussi des actions.

Quelles sanctions en cas d’ouverture?

Pour la Région bruxelloise, quelques bourgmestres qui ont eu des appels des théâtres présents sur leur territoire, ont donné leur feu vert de manière implicite même s’ils ne peuvent pas réellement appeler à la désobéissance civile. Boris Dilliès (MR), le bourgmestre d’Uccle, n’a pas hésité à demander la tenue en urgence d’un Cores exceptionnel. “Je ne suis pas une tête brûlée depuis le début de la crise. Je pense qu’on doit mettre des règles et les faire appliquer quand elles sont compréhensibles. Ici, je ne comprends pas. Je ne comprends pas qu’on prenne des mesures que même les experts ne soutiennent pas. Je n’appelle pas à la désobéissance civile, mais le ministre-président doit réunir les 19 bourgmestres pour qu’on fasse pression et que le Codeco revoit sa position.”

Le ministre-président Rudi Vervoort a décidé de ne pas organiser de Conseil régional de sécurité en urgence, estimant qu’aucune des nouvelles décisions prises ne concernent les communes.

Pour Boris Dilliès, si le centre culturel d’Uccle dont le conseil d’administration doit se réunir aujourd’hui, décide de rester ouvert comme prévu jusqu’au 31 décembre, il ne donnera pas d’injection à la police pour qu’elle n’y aille pas, mais il ne l’encouragera pas non plus à s’y rendre. En résumé, on ferme les yeux et on espère que la police n’ira pas.

■ Interviews de Cathy Min Jung, directrice du Rideau et de Boris Dilliès, bourgmestre d’Uccle, par Vanessa Lhuillier