Brussels Pride : 70.000 personnes rassemblées, le char de la N-VA bloqué et aspergé de peinture

La Brussels Pride a rassemblé samedi après-midi environ 70.000 personnes dans le centre de la capitale pour sa 29e édition. “Unite, time to protect our rights” (Unis, il est temps de protéger nos droits) : tel est le message choisi cette année par les organisateurs en faveur d’une société dans laquelle les droits de chacun sont respectés au quotidien.

L’événement s’est déroulé globalement dans le calme. Un incident est toutefois recensé : un char de la N-VA a été bloqué à la hauteur de la place de la Monnaie, bombardé de bouteilles et aspergé de peinture.

Reportage Jamila Saïdi M’rabet, Massimo Pane et Hugo Moriamé

Une vingtaine d’activistes ont été extraits du cortège et deux personnes ont été interpellées pour trouble à l’ordre public, selon la porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles.

Les membres d’un groupe d’action “queer” ont protesté contre la récupération politique de la Pride. À leurs yeux, la participation de partis comme le MR et la N-VA à cette manifestation “une insulte pour les communautés et les personnes qui souffrent directement de ces discriminations et des violences qu’elles engendrent“. “Iels estiment nécessaire de rappeler qu’encore aujourd’hui la Pride est une lutte, et pas une fête, contre un système toujours oppresseur“, a défendu l’organisation dans un communiqué.

Selon visit.brussels, les participants étaient 220.000 à défendre les droits de la communauté LGBTQIA+.

La dernière attaque contre les droits fondamentaux

Avant que le traditionnel cortège bigarré et festif ne s’élance, la parole a été donnée à des militants LGBTQIA+ venus de pays où les droits de leur communauté sont sous pression.

Je viens de Hongrie, un pays qui s’est soulevé en 1956 contre la domination soviétique“, a expliqué un activiste venu de Budapest, où la Pride a été interdite cette année. “Un pays qui le premier a ouvert le rideau de fer en 1989, un pays où la tolérance envers les minorités sexuelles a augmenté cette année, un pays qui aime la liberté parce qu’il a souffert pour être libre et un pays où de plus en plus de gens ont honte de leur gouvernement.”

L’interdiction de la Pride n’est que la dernière attaque du genre contre les droits fondamentaux des citoyens hongrois“, a-t-il encore dit. “Mais le gouvernement ne peut pas interdire la Pride de Budapest, car l’amour et la liberté ne peuvent être interdits. Le 28 juin, la Pride de Budapest aura lieu, et j’invite chacun à y participer et à en faire la Pride la plus grande, la plus colorée, la plus internationale que l’on ait jamais vue.”

La présidente de la Budapest Pride, Viktória Radványi, s’est adressée à la Commission européenne. “Depuis que la Pride a été interdite il y a deux mois, nous n’avons pas vu la moindre action de la Commission européenne. Si la Commission ne suspend pas la loi qui interdit les manifestations LGBTQIA+, d’autres pays d’Europe de l’Est prendront les mêmes interdictions. Si la Commission n’intervient pas, elle sera complice de la restriction des droits fondamentaux des citoyens européens.”

Comme en écho, un militant roumain a exprimé son inquiétude à la veille d’une élection dans son pays qui pourrait être marquée par la victoire d’un candidat d’extrême droite.

La Pride est notre réponse à l’extrémisme qui monte partout dans le monde. Dimanche, nous élirons en Roumanie un nouveau président, et nous devrons choisir entre l’Union européenne et l’extrême droite. Cette année, nous célébrons le 20e anniversaire de la Pride de Bucarest. Il y a vingt ans, l’UE nous a aidé à décriminaliser l’homosexualité en Roumanie, maintenant, nous avons besoin à nouveau de l’Europe.”

L’un des fondateurs de la Pride bruxelloise, Chille Deman, a également pris la parole. “Il y a 29 ans, nous nous trouvions ici avec 3.000 personnes, maintenant nous sommes plus de 100.000. Mais le combat n’est pas terminé. Nous devons continuer à nous battre pour maintenir nos droits et les protéger, et pour changer les mentalités. Nous devons aussi montrer notre solidarité internationale : les images de notre Pride aujourd’hui sont un soutien pour les gens dans les pays où la Pride est interdite“, a-t-il souligné.

Duplex de Bryan Mommart avec Micha Kapetanovic, directeur des événements de visit.brussels 

Belga – Photo : Belga

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17 mai 2025 - 19h29
Modifié le 18 mai 2025 - 12h22

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