Jamal Ikazban sur la non-mixité à Molenbeek : “Ce ne sont pas les habitants qui sont responsables”
Le député bruxellois, Jamal Ikazban (PS) revient sur la diversité à Molenbeek . Il était l’invité de +d’Actu sur BX1.
À la suite des propos tenus par Conner Rousseau sur la commune de Molenbeek, de nombreuses réactions ont émané des partis politiques.
►Les critiques fusent après les propos de Conner Rousseau sur Molenbeek
Pour le député, ses propos restent inamissibles, mais il précise qu’ils sont “une négation de la réalité, comme si la diversité était un problème“. Pour Jamal Ikazban, la différence est un enrichissement, mais pour le remarquer, il estime qu’il faut sortir des clichés que l’on peut se faire.
Un manque de mixité à Molenbeek ?
Suite à la question sur un possible manque de mixité à Molenbeek, en raison d’une grande communauté issue de l’immigration marocaine, le député répond que les habitants ne sont pas les responsables. Et la raison est celle de l’histoire de Molenbeek. “Quand on a eu les premiers travailleurs immigrés qui sont arrivés en Belgique, le code des étrangers n’est arrivé que beaucoup plus tard. Et ça voulait dire que beaucoup de travailleurs immigrés ne pouvaient pas déménager, pas changer de commune comme ils le voulaient. Donc il faut aussi revenir sur l’histoire“.
Il ajoute que Molenbeek était un bassin industriel important qui s’est retrouvé en difficulté après la crise industrielle. Et c’est, aussi en raison de cette crise que les immigrés se sont installés dans la commune. “Vous avez des quartiers qui sont devenus plus pauvres, avec des logements vraiment plus abordables. Et finalement, des gens ont revendu des biens ou rapidement loué des biens aux immigrés“.
En conclusion, pour le député, s’il existe une non-mixité à Molenbeek, cela provient de l’Histoire économique du pays et non des habitants. Et malgré l’envie de certains molenbeekois à vouloir plus de mixité en changeant de quartier, des difficultés restent présentes. “Quand on voit les difficultés pour construire du logement social dans certaines communes à Bruxelles, quand on voit certaines difficultés que nos jeunes, qui ont le faciès d’origine étrangère, de trouver du travail dans d’autres communes, d’autres endroits“.
La modernisation du cordon sanitaire
Pour le député, adapter et moderniser le cordon sanitaire peut se faire sur des éléments précis. Comme celui des réseaux-sociaux, puisqu’il y a trop de débordements sans conséquences. Mais une modernisation ne signifie pas une minimisation du racisme, comme le souligne Jamal Ikazban.” Maintenant, si c’est une tentative pour certains de diluer un petit peu l’essence même du combat contre le racisme, là je ne suis pas d’accord, il ne faut pas banaliser la lutte contre le racisme“. Et le combat ne semble pas encore gagné. “Aujourd’hui, on stigmatise et on montre du doigt les gens qui combattent le racisme et on ne le fait pas vis-à-vis de ceux qui prônent des discours de haine et de racisme à l’égard des autres“.
► Retrouvez en intégralité l’interview de Jamal Ikazban
■ Camille Paillaud / Une interview de Fabrice Grosfilley