“Jamais on nous a demandé notre avis”: le comité “Non au plan Good Move” interpelle le Parlement

La commission Mobilité du parlement bruxellois a entendu mardi les initiateurs d’une pétition en faveur de la suspension du plan Good Move et du rejet du plan Good Living. Celle-ci a recueilli les 1.000 signatures nécessaires.

Les membres de la commission de la majorité, comme de l’opposition ont souligné dans leurs répliques que la mise en œuvre du plan au niveau local était souvent “désastreuse“.

Les pétitionnaires ont dénoncé la politique selon eux punitive qui vise à contraindre les automobilistes à abandonner leur voiture. Selon eux, Good Move présente des lacunes méthodologiques et les deux plans sont conçus pour élargir l’assiette fiscale en attirant une population plus nantie, une “bourgeoisie écolo“.

La pétition plaide pour une concertation avec les habitants concernés. Les pétitionnaires souhaitent que la mise en œuvre de Good Move soit suspendue et que les mailles de circulation soient supprimées. Ils demandent que la priorité soit donnée au développement des transports publics et que les taxes régionales soient revues. Enfin, le nouveau règlement d’urbanisme Good Living doit être rejeté.

Les pétitionnaires ont largement expliqué leur point de vue pendant une heure et quart, à grand renfort de chiffres, mais aussi de propos parfois un peu populistes, voire parfois agressifs, à l’encontre des décideurs politiques, tant régionaux que locaux.

“Les choses ont mal tourné”

Good Move a été concerté avec tout le monde, y compris les communes et les organisations“, a déclaré l’ex-ministre de la Mobilité Pascal Smet (Vooruit). “Mais les choses ont mal tourné lors de la mise en œuvre des plans locaux“, a-t-il reconnu, faisant référence au quartier anderlechtois de Cureghem où les habitants n’ont pas vu d’amélioration de leur qualité de vie.

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A Schaerbeek, il n’y a pas eu de concertation avec les habitants et les commerçants“, a embrayé Ibrahim Dönmez (PS).

Il faut mieux prendre en compte le contexte local et les besoins des habitants“, a estimé Marc Loewenstein (DéFI).

Ingrid Parmentier (Ecolo) et Pascal Smet ont tous deux répliqué à la critique selon laquelle Good Move conduit à la gentrification, ou à une revalorisation d’un quartier ancien dans le but d’attirer des résidents plus riches.

Pour Mme Parmentier, cela n’a jamais été l’intention. M. Smet a abondé dans ce sens, mais il a concédé que c’était une grande préoccupation. “Je suis favorable à la mixité des quartiers. Les personnes moins aisées doivent également pouvoir vivre dans des quartiers plus propres, plus sains et plus sûrs“, a-t-il insisté à ce propos.

Une politique punitive

David Weytsman (MR) s’est dit d’accord avec les auteurs de la pétition pour dire que le plan “Good Move” contenait une politique punitive, via une explosion des tarifs de stationnement et d’amendes. Il a également dénoncé les chiffres erronés, les fake news qui circulent dans le dossier.

Par exemple, il n’est pas selon lui pas exact de dire que 70 % de l’espace public est réservé aux voitures.

Il est vrai qu’une famille sur deux n’a pas de voiture. Mais c’est la personne seule qui n’a pas de voiture. 80 % des familles avec enfants ont une voiture“, a déclaré le député MR, demandant une enquête sur le subventionnement des associations impliquées dans le processus participatif. Il reconnaît avoir été initialement favorable à Good Move parce que la stratégie globale avait fait l’objet d’une concertation “mais l’application dans les quartiers a souvent été dogmatique ou dirigiste“.

Pour Cieltje Van Achter (N-VA), il y a du bon et du mauvais. En particulier, la mise en œuvre sur le terrain a échoué et a été “un désastre” à Cureghem, par exemple. Elle soutient qu’il y a eu de bonnes choses à Schaerbeek, mais que les citoyens n’ont pas reçu de chiffres concrets sur le trafic. “Good Move oriente le trafic automobile vers les grands axes, tout en créant des quartiers à faible trafic. Mais maintenant, les grands axes sont également rétrécis“, a-t-elle dénoncé.

Moins d’embouteillages

En tant que dernier orateur, Arnaud Verstraete (Groen) a défendu Good Move, le plan de sa collègue et ministre de la mobilité Elke Van den Brandt. Il a souligné que le plan offre une solution aux problèmes de la pollution de l’air, de l’insécurité routière, de la pollution sonore et des embouteillages, et a également noté qu’il prévoyait 1,1 milliard d’investissements dans les transports publics.

M. Verstraete a également souligné que Bruxelles est passée de la troisième à la dix-septième place sur la liste des villes où il y a le plus d’embouteillages. Le nombre d’embouteillages y a diminué de 27 %. “Good Move permet également aux automobilistes de circuler plus facilement“, a-t-il fait remarquer. “Tous les Bruxellois ont droit à des quartiers où il y a moins de pollution de l’air, moins de bruit et plus d’espace pour les enfants“, a-t-il ajouté.

Belga

■ Reportage de Sabine Ringelheim, Nicolas Scheenaerts et Pierre Delmée