Hausse des agressions contre le personnel ferroviaire : la SNCB lance une campagne de sensibilisation

L’an dernier, 1.900 cas de violences physiques ou verbales ont visé accompagnateurs, agents de Securail et personnel de gare, soit cinq par jour.

En signe de “coup de sifflet final aux agressions“, un concert de sifflements a retenti jeudi matin dans la gare bruxelloise. Parmi le personnel ferroviaire, sifflet aux lèvres, Nassera, Maxime, Dalila ou encore Johan, qui prêtent leur visage à la campagne déclinée jusqu’à la mi-mars en affiches et sur les écrans des gares et des trains ainsi que dans le journal Metro. “J’ai demandé de retirer les pieds du siège“, “de baisser la musique“, “de ne pas fumer” ou tout simplement “un titre de transport. Cela ne mérite pas une agression“.

Derrière ces témoignages, leurs portraits défigurés par du verre brisé sous l’impact d’un coup. Accompagnatrice de train depuis 10 ans, Nassera a déjà été agressée, insultée, menacée. “Qu’importe la durée de l’agression, qu’elle soit physique ou verbale… Chacune laisse des traces.”

Violence en hausse

Cette violence est en recrudescence depuis la crise du coronavirus: +60% par rapport à 2019. Rien qu’en janvier de cette année, elle a augmenté de 50% par rapport à la même période l’an passé. En 2022, les agressions (physiques pour 40% d’entre elles) ont provoqué l’absence de 450 collaborateurs et collaboratrices du rail. La moitié avait pour origine une fraude, 17% constituaient des agressions gratuites, 16% suivaient des infractions (comme rouler à vélo ou fumer dans la gare), 9% des “comportements perturbateurs” (ébriété, etc.), tandis qu’une minorité étaient liées aux services (5%) ou aux mesures sanitaires (4%).

“Nous lançons donc un double appel: au respect élémentaire de notre personnel et à la tolérance zéro envers les agressions qui le visent”, a-t-elle déclaré Sophie Dutordoir, la CEO de la SNCB, se tournant vers les trois ministres présents.

100 nouveaux agents Securail

Outre cette campagne destinée aux milliers de voyageurs qui transitent quotidiennement sur ses lignes, la SNCB recrutera en 2023 une centaine de nouveaux agents de sécurité Securail pour renforcer leur présence dans les gares et les trains. Ceux-ci mèneront notamment plus de contrôles préalables à la montée dans le train pour éviter des discussions une fois que le véhicule est en marche. Ils pourront également mieux récolter les preuves d’une agression ou rattraper les fraudeurs en fuite, a souligné le ministre de la Justice. Car, faute de preuve, “30% des cas ne sont pas poursuivis”, a pointé Vincent Van Quickenborne. La réforme du code pénal (soumise au Conseil d’État) prévoit des peines alourdies pour les auteurs d’agression à l’encontre du personnel ferroviaire, a pour sa part rappelé Georges Gilkinet.

■ Interview de Marianne Hiernaux, porte-parole de la SNCB, par Melinda Bilmez et Yannick Vangansbeek.

Belga – Photo : Belga/Virginie Lefour