“Grâce à Casa Legal, je suis libre”: l’ASBL qui a aidé plus de 1000 personnes vulnérables est menacée
Casa Legal pourrait bientôt disparaître : cette ASBL offre un accompagnement à un public vulnérable, comme des victimes de violences, des sans-abris ou encore des malades isolés. Depuis le mois de janvier, ce sont plus de 1000 personnes qui ont bénéficié de ce service qui pourrait bientôt disparaître, faute de subsides.
Sabrina (nom d’emprunt) a subi des violences conjugales pendant 20 ans. Après de longues années de souffrance et de silence, elle trouve enfin le courage de parler à son assistante sociale qui la guide ensuite vers l’ASBL Casa Legal. “J’ai été écoutée, accompagnée et assistée aussi. Je pensais que je n’allais jamais sortir de cette situation-là. Grâce à Casa Legal, aujourd’hui, je suis libre. Je suis plus prisonnière de quelqu’un. Mes enfants sont libres. Parfois, je n’arrive pas à y croire“, nous confie-t-elle.
Si Sabrina a accepté notre interview, c’est pour que d’autres femmes puissent suivre le même chemin qu’elle. Depuis janvier, l’association a reçu près de 1000 demandes, dont 600 viennent de femmes. Mais Casa Legal est aujourd’hui menacée de disparaître, faute de financement. “On se demande comment on va pouvoir rediriger ces personnes alors qu’elles sont déjà affectées par des contextes de vulnérabilité extrêmement importants“, s’inquiète Sarah Windey, avocate au sein de l’association. “Devoir les rediriger vers des cabinets plus classiques, cela va clairement générer des difficultés très importantes“.
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En 2023, le ministère de la Justice soutient cette ASBL et la finance en tant que projet pilote fédéral. Le mois dernier débute une étude économique ambitieuse pour évaluer son impact réel. La perte de ce financement serait catastrophique. “C’est ce qu’on dit à la ministre : restons cohérents. On a déjà deux ans de financement et d’expérience derrière nous, n’arrêtons pas le travail qui a commencé“, commente l’avocate et cofondatrice de l’ASBL, Margarita Hernendez-Dispaux.
Le cabinet de la ministre de la Justice, Annelies Verlinden (CD&V) s’explique : “Le projet Casa Legal bénéficie actuellement d’une subvention facultative. Cela signifie qu’il s’agit d’une subvention non obligatoire octroyée en tant que faveur et donc soumise à des choix politiques et budgétaires. Dans le cadre du conclave budgétaire actuel, l’ensemble du système des subventions facultatives est évalué en profondeur“.
Le budget fédéral est toujours en cours de discussion. Les prochaines heures seront décisives.
■ Reportage de Lisa Saint-Ghislain, Frédéric De Henau et Pierre Delmée