Prévu mercredi, le corps de l’opposant congolais Etienne Tshisekedi a quitté Bruxelles ce jeudi
Faux départ pour le rapatriement de la dépouille mortelle de l’ancien Premier ministre congolais et opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba vers Kinshasa, deux ans après son décès à Bruxelles : l’avion qui devait emmener le corps mercredi soir au départ de l’aéroport militaire de Melsbroek, a joué l’Arlésienne tout au long de la journée.
“L’avion qui ramène la dépouille du feu Premier ministre Etienne Tshisekedi vient de décoller de Bruxelles à 11H25 heure de Kinshasa“, a indiqué sur Twitter la directrice de communication du président congolais, Lydie Omanga.
Des sources à Bruxelles ont fait état du décollage du terminal d’affaires de l’aéroport de Zaventem de deux avions, l’un vers 09h45, l’autre – transportant la dépouille de M. Tshisekedi – “peu avant 13h00″.
L’avion devrait arriver entre 17h00 et 18h00 (locales, soit entre 18h00 et 19h00 HB) à l’aéroport de Kinshasa-N’Djili, a indiqué à l’AFP Didier Mpambia, du comité d’organisation des obsèques.
Un vol reporté
Le vol avait été reporté à ce jeudi pour des “questions d’avion”, a-t-on appris de source officielle. Les préparatifs allaient bon train à Kinshasa pour une arrivée de la dépouille de Etienne Tshisekedi jeudi matin, dans le cadre d’un programme des funérailles s’étalant jusque samedi, avec une présence annoncée de six chefs d’État africains.
Une cérémonie militaire était initialement prévue mercredi vers 21h00, en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Didier Reynders – alors que les relations belgo-congolaises se rétablissent progressivement après une profonde crise diplomatique liée au report des élections en République démocratique du Congo (RDC).
Mais l’avion, présenté comme un A330 capable de transporter, outre le corps de M. Tshisekedi, quelque 270 passagers, a pris du retard. “C’est annulé pour aujourd’hui pour des questions liées à l’organisation du vol”, a précisé cette source à l’agence Belga, alors que plusieurs médias faisaient le pied de grue à Melsbroek. Ce vol est organisé par les autorités congolaises.
Le comité d’organisation des obsèques de l’ancien Premier ministre congolais et opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba a finalement annoncé ce jeudi l’arrivée de sa dépouille à l’aéroport international de Kinshasa-N’Djili jeudi à 16h00 locales (17h00 HB), dans un communiqué reçu par l’agence Belga. “Cette situation est totalement indépendante de la volonté des autorités belges et des organisateurs des obsèques. Tout est mis en œuvre pour ramener la dépouille de S.E le premier ministre ce jeudi 30 mai à 16 heures à l’aéroport de N’Djili”, explique le communiqué.
Une source proche de la famille Tshisekedi a, pour sa part, indiqué à l’AFP que l’avion partirait “d’un aéroport privé proche de Bruxelles jeudi à 14h00”.
Décédé à Uccle
Etienne Tshisekedi, le père du nouveau président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo – désigné à l’issue de l’élection présidentielle du 30 décembre dernier -, est décédé à Uccle le 1er février 2017 à l’âge de 84 ans des suites d’une embolie pulmonaire.
Candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2011, il présidait le parti historique d’opposition, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), créé en 1982 pour contrer le régime du maréchal Mobutu Sese Seko.
Son corps devait arriver jeudi matin à l’aéroport de N’Djili, en présence de son fils et chef de l’État et de toutes les autorités de la RDC. Un cortège funéraire devait ensuite traverser Kinshasa pendant toute la journée jusqu’à la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire, dans le centre-ville, en passant par la résidence du défunt et sa famille à Limete, l’une des communes de l’est de la capitale congolaise. La journée de jeudi a été déclarée “chômée et payée sur toute l’étendue de Kinshasa” par les autorités.
Vendredi, le corps devait être conduit en procession au stade des Martyrs, le plus grand de Kinshasa, qui peut accueillir 80.000 personnes, pour un recueillement populaire, une messe et une veillée mortuaire ouverte au public. Samedi, une cérémonie officielle et une “grande messe solennelle” étaient prévues à 10h00 locales (11h00 heures belges) au même stade, en présence de “tous les évêques” congolais, selon le coordonnateur général du comité d’organisation des obsèques, Lucien Lundula. C’est l’archevêque métropolitain de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, qui devait présider la messe.
“Héros national”
Selon le programme obtenu par l’agence Belga, Etienne Tshisekedi devait aussi être élevé le 1er juin au rang de “héros national” – tout comme l’éphémère premier Premier ministre du Congo indépendant en 1960, Patrice Emery Lumumba, et Laurent-Désiré Kabila, le “tombeur” du dictateur Mobutu Sese Seko, et père du président honoraire Joseph Kabila. La dépouille de l’ancien opposant – qualifié de son vivant tantôt de “Sphynx de Limete”, tantôt de “Lider maximo” de l’UDPS – devait ensuite être inhumée dans l’après-midi au monument funéraire de N’sele (dans la grande banlieue est de la capitale congolaise, ndlr).
Ancien ministre du dictateur zaïrois Mobutu dans les années 1960, Etienne Tshisekedi est passé dans l’opposition et a fondé l’UDPS en 1982. Il a ensuite été trois fois Premier ministre pendant la transition multipartite des années 90, avant de s’opposer au régime des Kabila père et fils.
Les autorités congolaises ont annoncé la semaine dernière leur intention d’inviter le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre belge Charles Michel aux funérailles. Ni Emmanuel Macron, ni le chef du gouvernement fédéral démissionnaire n’ont encore répondu à cette invitation.
Six chefs d’État africains, les présidents rwandais Paul Kagame, du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso, angolais João Lourenço, zambien Edgar Lungu, togolais Faure Gnassingbé du Togo et guinéen Alpha Condé, devaient être présents, selon la présidence de la République à Kinshasa.
Avec Belga – Photo et vidéo : Belga/James Arthur Gekiere