Faudrait-il instaurer l’anglais comme 3ᵉ langue officielle à Bruxelles ?

La question fait débat sur le plateau de +d’Actu. Pour Philippe Van Parijs, philosophe et président du Conseil pour le multilinguisme en Région bruxelloise, c’est oui, afin de reconnaitre le caractère multilingue de la Région. En revanche, le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert Olivier Maingain prône la reconnaissance de plusieurs langues en maintenant le français et le néerlandais comme langues officielles.

“Une bonne partie de nos institutions ont été élaborées, et à juste titre, selon une conception linguistique binaire. D’une part, la majorité des Bruxellois parlait le français et voulait avoir accès à tous leurs services dans cette langue et d’autre part, les néerlandophones, minoritaires, mais à qui l’on devait conférer les mêmes droits. Aujourd’hui, c’est toujours le cas, seulement, la réalité n’est plus la même. En terme d’accès aux services, actuellement le défi majeur ce sont par exemple les réfugiés syriens qui n’ont pas encore eu le temps d’apprendre une langue officielle”, détaille Philippe Van Parijs, philosophe et président du Conseil pour le multilinguisme en Région bruxelloise.

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Olivier Maingain, le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert confirme. “Les lois linguistiques conçues dans les années 60 sont aujourd’hui obsolètes et d’ailleurs nous ne sommes même pas en mesure de les appliquer, faute de trouver du personnel pour remplir les emplois qui sont en principe réservés aux néerlandophones dans les administrations communales”. 

L’anglais 3e langue officielle ?

Dès lors, faudrait-il mettre en place l’accueil en anglais pour les démarches administratives ? “Je suis pour qu’on reconnaisse la grande diversité linguistique dans l’accueil notamment lors des premiers contacts pour les primo-arrivants, qui ne maitrisent encore ni le français, ni le néerlandais. En revanche, je suis pour qu’on garde les deux langues nationales de l’administration dans les rapports pour les actes administratifs obligatoires. Je crois que ça fait partie de notre patrimoine linguistique historique”, explique le bourgmestre.

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Par contre, selon Van Parijs, l’anglais est déjà, en quelque sorte, une langue officielle à Bruxelles. “Mais doit-elle le devenir entièrement ? Certainement pas, mais je suis favorable à ce qu’on augmente le rôle de l’anglais, y compris dans les démarches administratives, au-delà du simple accueil. Il est important que les formulaires administratifs deviennent aussi accessibles en anglais.  C’est une manière de reconnaitre que Bruxelles est une ville fondamentalement multilingue”.

Pour Olivier Maingain, ce n’est pas aussi simple. “Ça revient à imposer un monolinguisme de prétendu compromis. La diversité des langues est la richesse de l’Europe. Reconnaissons la même importance de toutes les langues. Il n’y a aucune raison de contraindre un Roumain, un Espagnol ou un Italien à utiliser l’anglais. Je suis plutôt pour une traduction d’un certain nombre de documents dans plusieurs langues”.

Photo : Belga