Vers une deuxième dose pour les personnes vaccinées avec Johnson&Johnson
Le conseil supérieur de la santé s’est réuni ce mardi matin pour discuter de l’opportunité de faire une dose de rappel pour les personnes vaccinées avec Johnson&Johnson ou AstraZeneca. Il recommande d’administrer une seconde dose pour les personnes qui ont eu Johnson&Johnson mais ne se prononce pas sur AstraZeneca.
Tout part d’une étude américaine sur la durée de la protection des vaccins. Les chercheurs ont mesuré le taux d’anticorps sur des anciens soldats américains et ils montrent une nette diminution de la protection au fil du temps. En tout, 780.000 personnes ont été étudiées et il ressort de cette étude publiée dans la revue Science qu’au bout de six mois, la protection de Johnson&Johnson diminue pour atteindre les 13% au lieu de 86% lors de la première et unique injection. Pour Pfizer, la protection descend à 43% et pour Moderna à un peu moins de 60%. Par contre, les vaccins protègent toujours de manière satisfaisante contre les hospitalisations et les formes sévères de la maladie.
Cette étude fait donc réfléchir les membres du conseil supérieur de la santé qui souhaitent étudier la possibilité d’injecter une dose de rappel pour ceux qui ont eu la monodose de Johnson& Johsnon et les deux doses d’AstraZeneca ce qui représentent environ 2 millions de personnes en Belgique. En tout cas, pour Nicolas Dauby, infectiologue au CHU Saint-Pierre, l’étude américaine ne laisse planer aucun doute sur la marche à suivre. “Il faut injecter une deuxième dose pour les personnes qui ont été vaccinées avec un Johnson&Johsnon, d’abord les personnes de plus de 65 ans et puis toute la population. Idem pour ceux qui ont eu une vaccination avec AstraZeneca.”
Le rapport du Conseil supérieur de la santé devrait arriver sur la table des ministres de la Santé dans la journée afin qu’ils puissent en discuter lors de la conférence interministérielle santé qui aura lieu ce mercredi matin. En tout cas à l’ordre du jour est clairement inscrit la possibilité d’injecter une dose de rappel pour les personnes vaccinées avec un vaccin à adénovirus, à savoir Johnson&Johsnon ou AstraZenaca. Pour le Conseil de la Santé, il faut donc une deuxième dose deux mois après la première si on a été vacciné par Jonhson&Jonshon.
Pas de troisième dose généralisée
Par contre, en ce qui concerne la troisième dose généralisée pour l’ensemble de la population, là, le conseil ne se prononce pas et Nicolas Dauby reste dubitatif. “Il faut encore attendre quelques mois pour avoir des données suffisantes. Le Royaume-Uni et Israël qui ont vacciné massivement avant nous sont à observer, mais pour le moment, la troisième dose n’est pas la priorité.”
Pour le moment, il n’existe pas de donnée suffisante pour prouver la nécessité de faire un rappel sur des patients jeunes et en bonne santé. Il faut donc attendre encore quelques mois, d’autan plus que les nouveaux vaccins auront été mis à jour en fonction du variant Delta.
Le sras-cov 2 est un virus qui mute finalement assez peu. Le variant Delta est bien installé et le nouveau Delta plus apparu en Israël, qui circule déjà un peu en Europe, n’est pas très différent de son grand-frère. Si on prend aussi en considération la mémoire cellulaire, on pourrait imaginer que les patients jeunes et en bonne santé ne doivent pas faire de rappel avant longtemps, mais cela reste à confirmer dans les mois qui viennent.
■ Interview de Nicolas Dauby, infectiologue à Saint-Pierre par Vanessa Lhuillier
Photo: Belga/Nicolas Maeterlinck