Une faible participation des étrangers à Bruxelles pour les communales : “Les partis ne s’intéressent pas à cet électorat”

Seulement un électeur potentiel sur deux a voté lors des élections communales (46,5%), une faible participation qui s’explique par le très faible taux de non belges qui se sont inscrits pour aller voter.

On remarque des disparités dans les différentes communes de la capitale. La commune avec le moins d’abstention est Watermael-Boitsfort, avec 31,2% d’abstention des électeurs potentiels. À l’inverse, 53,8% des Ixellois pouvant voter n’ont pas choisi de liste. Saint-Gilles, Etterbeek et Bruxelles affichent également des taux dépassant les 50%.

16,23% des non-Belges ont voté

Le principal élément qui explique ce chiffre de participation à Bruxelles est que seulement un non-Belge sur six a voté lors des élections communales. Le taux d’abstention dans la région est de 83,7%. Pour Emilie Van Haute, politologue, plusieurs éléments expliquent ce taux élevé d’abstention.

Tout d’abord, le moment de l’inscription : les électeurs étrangers devaient s’inscrire avant le 1er août. “On leur demande de s’inscrire en plein été, et sans véritablement savoir quelle sera l’offre politique dans leur commune”, nous explique Emilie Van Haute.

Ensuite, il y a aussi un faible investissement des partis pour s’adresser aux étrangers dans leur commune. “Les partis ne s’intéressent pas à cet électorat”, un mauvais calcul selon Emilie Van Haute, car cet électorat représente un réservoir de voix extrêmement important.

Il y a également un manque d’information de la part de certaines communes. Watermael-Boitsfort est l’une des communes qui s’est le plus investie pour informer les étrangers pouvant voter : 25 % des non-Belges ont participé, le taux le plus élevé.

Une fatigue électorale et un manque d’offre

La démobilisation électorale peut s’expliquer aussi par une certaine lassitude des électeurs, avec deux rendez-vous électoraux dans la même année. “Il y a aussi un délitement de la sanction”, nous rappelle Emilie Van Haute. “Les personnes savent que les sanctions en cas de non-participation à une élection ne sont plus vraiment appliquées.”

Le manque de compétition électorale dans certaines communes est également évoqué. Certains candidats étaient largement favoris, ce qui peut entraîner davantage de votes blancs. Le phénomène est le même dans les communes avec un nombre de listes assez faible. Il y a eu moins de listes qui se sont présentées lors ces élections en 2024 qu’en 2018.

Rémy Rucquoi

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18 octobre 2024 - 15h24
Modifié le 18 octobre 2024 - 16h13