“Emmanuel Macron a choisi de privilégier le RN. Nous sommes à la fois surpris et inquiets”

Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier, qui a promis “changements” et “ruptures”, doit désormais s’atteler à composer un gouvernement capable de rassembler, pour tenter de sortir le pays de l’impasse politique dans laquelle il se trouve depuis les législatives d’il y a deux mois.

■ Philippe Moreau-Chevrolet, PDG de l’agence de conseil en communication MCBG Conseil, est l’invité de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles.

Chargé par le président Emmanuel Macron de “constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays”, l’ex-commissaire européen de 73 ans se sait déjà en sursis et va devoir trouver les bons équilibres pour ne pas tomber à la première motion de censure. L’ancien ministre a, selon son entourage, multiplié les appels téléphoniques avant même sa prise de fonction: des responsables de droite à l’ex-chef de l’État Nicolas Sarkozy ou aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Dès vendredi matin, il recevra son prédécesseur Gabriel Attal, puis les dirigeants de son propre parti de droite, Les Républicains (LR), pour examiner les conditions d’une participation à son futur gouvernement.

“Certaines personnalités de gauche” ont également été contactées et d’autres échanges devaient suivre, y compris avec les partis de gauche radicale La France insoumise (LFI) et d’extrême droite Rassemblement national (RN), car “il veut rassembler et respecter tout le monde”. Le nouveau Premier ministre a tendu des perches dès sa première prise de parole: “Il faudra beaucoup d’écoute” et “du respect à l’égard de toutes les forces politiques” représentées au Parlement, car “le sectarisme est une preuve de faiblesse”. “Il s’agira de répondre, autant que nous le pourrons, aux défis, aux colères, aux souffrances, au sentiment d’abandon, d’injustice”, a-t-il déclaré, en citant parmi ses priorités l’école, la sécurité, l’immigration, le travail et le pouvoir d’achat.

Cette nomination met fin à soixante jours de suspense consécutifs aux législatives de juillet, qui ont débouché sur une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs: gauche, centre droit et extrême droite.