Faut-il élargir la Région bruxelloise ? “La population doit être consultée sur les frontières qui l’entoure”
Peut-on reparler de l’élargissement de la Région bruxelloise ? Et quid de l’idée d’une future circonscription fédérale ? Les deux propositions ont été respectivement relancées par DéFI et l’Open VLD. Fabrice Grosfilley remet ces débats sur la table lors du Duel avec Sophie Rohonyi, députée fédérale (DéFI), et Gilles Verstraeten, député bruxellois (N-VA).
François De Smet, président DéFI, a récemment remis sur la table l’idée d’élargir les frontières de la Région bruxelloise, comme il l’avait déjà évoqué en 2021. Il propose notamment une consultation des habitants de la périphérie de la capitale pour connaître leur avis. “Cette proposition a déjà été défendue en son temps par d’autres partis francophones”, justifie Sophie Rohonyi (DéFI). “Aujourd’hui, les Régions ont de plus en plus de compétences, et elles ont de plus en plus d’impact sur des populations dont on ne tient pas compte. Je pense qu’il faut pouvoir inclure les populations dans les politiques qui les concernent, et donc les frontières dans lesquelles ces populations habitent“, estime-t-elle.
Un avis que ne partage pas le député bruxellois Gilles Verstraeten : “Je me demande : où est-ce qu’on arrête avec tout ça ? (…) Même le bourgmestre de Drogenbos, francophone, explique que les habitants de la périphérie ne sont pas demandeurs de cet élargissement. Ces populations ont accès à Bruxelles ! Si vous faites le choix d’habiter en Flandre, vous devrez alors remplir les papiers administratifs en néerlandais : ce n’est pas grand-chose. Surtout quand on demande de la solidarité, du financement de la Région flamande, de la Communauté flamande pour les crèches, pour les écoles, que vous parliez un petit peu la langue de la région. Et si cela vous pose un problème, vous avez plein de choix d’aller vivre ailleurs : à Ottignies, à Waterloo…on pourrait même aller vivre à Paris pourquoi pas, les Parisiens il faut faire avec, mais au moins ils sont moins pires que les flamands, car ils vont vous parler en français “, ironise-t-il.
“On a fixé les frontières linguistiques en 1962, ça fait pas mal de temps qu’on a défini ce qu’est la Flandre, ce qu’est Bruxelles-Capitale et ce qu’est la Wallonie. On devrait plutôt focaliser nos énergies dans la Région Bruxelles-Capitale parce que les caisses régionales et communales sont vides, on a un problème de pauvreté, d’inactivité, de chômage, les entreprises et la classe moyenne quitte Bruxelles.” Le député bruxellois rappelle que des facilités sont proposées dans les communes de la périphérie pour les francophones.
Communauté métropolitaine
Sophie Rohonyi répond qu’il faut laisser la population de la périphérie bruxelloise s’exprimer sur cette question. “La réalité francophone ne s’applique pas qu’aux actes administratifs. Cela va bien au-delà de ça. Cela touche les difficultés des parents qui ne peuvent pas inscrire leurs enfants dans l’école de leur choix. Cela touche aussi le choix d’inscrire leurs enfants dans des crèches menacées de fermeture parce que les gérantes n’ont pas un niveau de néerlandais suffisamment élevé pour parler avec des bébés de quelques mois à peine. Cela touche la liberté des commerces de pouvoir s’exprimer dans leur propre langue, on est quand même libre en Belgique de pouvoir s’exprimer dans la langue de son choix dans un espace public“.
“Et pourquoi on ne demanderait pas aux communes du Brabant wallon si elles ne veulent pas appartenir à la Flandre ?”, réplique Gilles Verstraeten.
Interrogé sur la communauté métropolitaine autour de Bruxelles qui n’a jamais vu le jour depuis 2013, Gilles Verstraeten explique que “très peu de gens semblent demandeurs, notamment en Région flamande”. Il affirme toutefois que des accords existent déjà entre des institutions bruxelloises et flamandes. Sophie Rohonyi, pour sa part, estime que cette communauté métropolitaine n’est pas une compensation suffisante à la sixième réforme de l’État et la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde.
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Gr.I/ Anaïs Corbin – Photo : Belga/James Arthur Gekiere