Désengagement chez les Engagés, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la situation du parti des Engagés.
Ahmed El Khannouss ne fait plus partie des Engagés, autrefois le CDH. À Molenbeek-Saint-Jean et même dans la région bruxelloise d’une manière générale, c’est une page de la politique qui est en train de se tourner.
La décision d’exclure Ahmed El Khannouss, c’est Maxime Prévot qui l’a prise. Il s’en explique ainsi sur le site de la Libre Belgique, qui a été la première à donner à l’information : « des expressions publiques infondées et outrancières qui sont à l’opposé des valeurs qui sont les nôtres. Ce qu’il a publiquement publié la semaine dernière m’amène à prendre acte qu’il n’est visiblement plus en phase avec notre mouvement” poursuit Maxime Prévot. “, nous n’avons donc plus à cheminer ensemble.”
Ce qui est visé ici, ce sont les déclarations d’Ahmed El Khannouss après que Véronique Lefrancq ait décidé de quitter le parti des Engagés pour siéger comme indépendante. « On est nombreux à tourner le dos au virage laïque. Certaines choses seront communiquées dans les semaines à venir… Si les sondages continuent comme ça, Les Engagés finiront dans les livres d’histoire”. Ces propos d’Ahmed El Khannouss là aussi dans la Libre, n’auront pas plu à son Président qui lui indique la porte de sortie. Une démission et une exclusion. Véronique Lefrancq avait choisi de se désengager des Engagés, Ahmed El Khannouss est lui dégagé des Engagés.
Le poids d’Ahmed El Khannouss est relatif. Aux dernières élections communales à Molenbeek, il avait recueilli presque 1700 voix. C’est quasiment un électeur sur deux du CDH qui avait coché sa voix. Si on remonte un peu plus loin en arrière, Ahmed El Khannouss avait obtenu 3 200 voix au Parlement bruxellois en 2014 (43e score dans l’absolu, il n’était clairement pas dans le peloton de tête, mais quand même 4e score du CDH derrière Joëlle Milquet, Benoît Cerexhe et Bertin Mampaka). À l’époque, la tête de liste étaitCéline Fremault s’était présentée à la Chambre.
Milquet, Fremault, voici des noms qui ne figureront plus sur les listes du CDH, ou en tout cas pas à des places exposées, quant à Bertin Mampaka, il a lui choisi d’aller voir si l’herbe est plus bleue ailleurs. Veronique Lefrancq, 1500 voix en 2019, ne portera plus les couleurs du parti non plus. Je pourrais encore vous parler de Francis Delpérée ou de Joël Riguelle. Regarder les scores électoraux des derniers scrutins, c’est pour les Engagés, faire la liste de ceux qui sont partis ou ne reviendront plus. Et il va falloir qu’Yvan Verougstraete, le nouveau Président des Engagés bruxellois, mette un sacré tigre dans son moteur électoral s’il veut pouvoir rivaliser avec tous ces anciens noms de la politique bruxelloise.
Pour les engagés, l’objectif est désormais simple : regagner en cohérence politique, ce qui vient d’être perdu en surface électorale. Avec un enjeu considérable : avec les sondages actuels, il est probable que le parti ne soit plus en mesure de constituer un groupe politique au Parlement lors du prochain scrutin. Ou pire même qu’il ne passe pas le minimum requis pour entrer au Parlement. Ce changement d’équipe bruxelloise est donc un fait majeur. Pour les partis concurrents, l’idée émerge qu’un espace au centre-droit est en train de se créer, la nature politique ayant, elle aussi, horreur du vide. Au MR, à Défi, à Ecolo, on est en train de regarder avec beaucoup d’attention, et un soupçon d’appétit, ce qui est en train de se passer dans la famille des engagés. La campagne pour les élections de 2024 est en train de commencer.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley