Des parents veulent porter plainte collectivement contre la police
A l’issue d’une réunion virtuelle organisée en soirée avec des parents dont les enfants ont été arrêtés, les 8-9 familles présentes ont décidé de déposer individuellement plainte au Comité P et d’envoyer des témoignages à la Ligue des Droits Humains (LDH)
Le père de Pirly, un jeune de 16 ans arrêté administrativement à l’issue de la manifestation contre la “justice de classe” organisée dimanche après-midi à Bruxelles, a annoncé mardi son intention de porter plainte pour violence contre la police.
Il a été demandé aux jeunes de réfléchir à leurs attentes face à la situation, afin qu’elles puissent être respectées. Une action collective judiciaire reste envisagée, mais la question n’a pas encore été étudiée en profondeur.
Frappé à titre d’exemple
Le groupe s’est formé autour de jeunes qui se connaissent. Il a été rejoint par quelques parents qui étaient venus chercher leurs enfants aux casernes d’Etterbeek et par une mère d’un jeune d’origine maghrébine qui a fait constater à l’hôpital des coups reçus par son fils lors de sa détention.
Pirly avait initialement l’intention d’aller voir la manifestation avec un ami, mais les deux sont arrivés une fois celle-ci terminée. Ils ont été poussés par les rangs policiers depuis la place de l’Albertine jusqu’à la place devant la gare centrale, où ils ont été arrêtés.
Quand son père est venu le chercher aux casernes d’Etterbeek, Pirly s’est levé à l’appel de son nom pour sa sortie de cellule et a reçu deux claques d’un policier, selon la version du jeune. Il a ensuite été mis par terre, toujours dans la cellule, et quatre autres policiers sont arrivés. Pirly déclare avoir alors été roué de coups de pied. “Ils se sont ensuite adressés aux autres de la cellule en disant: ‘Voyez ce qu’il va se passer pour vous si vous bougez encore‘”, rapporte le père du jeune.
“Il l’ont donc frappé à titre d’exemple. Son ami, lui bien blanc, a juste réagi en disant quelque chose comme ‘Mais, qu’est-ce-que vous faites à Pirly ?’ et il s’est fait balayer et a aussi reçu des coups. (…) Mon fils dit que, dans la cellule, il y avait deux ou trois jeunes qui avaient des velléités de rébellion et qui ont endommagé un WC. Mais, face à cette rébellion de quelques uns du groupe en cellule, ils ont pris mon fils pour donner un exemple !“. Il précise être blanc de peau et son fils noir.
Pirly a saigné du nez, mais il n’a pas gardé de séquelles des coups reçus. Son ami qui a pris sa défense s’est par contre rendu à l’hôpital car il avait un pied particulièrement gonflé.
Ne pas répondre par la force
La copine de Pirly qui était dans une autre cellule a, de plus, signalé des propos sexistes.
“Je trouve remarquable que ces jeunes qui ont été l’objet de violences physiques soient restés dans les mots“, souligne le père de Pirly.
“Le lendemain, leur première réaction a été de témoigner devant la presse. Ils en sont restés à des mots alors que des jeunes auraient pu être tentés à leur tour de passer à l’acte. Je trouve que c’est une belle leçon de ces adolescents que l’on a violenté physiquement, de répondre à cette violence uniquement par des procédures et par des mots“.
Le comité P a enregistré mardi après-midi une première plainte en lien avec la manifestation de dimanche, a priori émanant d’une personne extérieure à ce groupe. Des détails sur son contenu sont attendus mercredi.
Belga