Des indépendants aussi en grève : “Pour faire fonctionner une entreprise, il faut que les gens puissent acheter”

En ce jour de grève nationale, une trentaine d’indépendants sont venus de Liège jusqu’à Bruxelles, à la place du Luxembourg, pour manifester devant les institutions européennes.

L’association Le commerce liégeois est venue porter son slogan “Fermer un jour pour sauver la vie de votre commerce” face au parlement européen. L’ASBL veut faire entendre la voix des petits patrons, comme l’explique son président, Jean-Luc Vasseur : “Souvent, quand on entend les télévisions, on parle de patrons, mais on ne parle pas des mêmes patrons. Moi, je parle des patrons qui gagnent parfois moins qu’un employé, qui se privent parfois de salaires pour pouvoir conserver son entreprise. Ça n’a rien à voir avec les patrons qui gagnent 5 à 10.000€ et ne craignent pas la crise“, justifie-t-il.

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Il y a une tranche qui est protégée par un tarif social, une autre qui a suffisamment d’argent pour pouvoir payer cette crise. Nous sommes dans la tranche qui a besoin d’un tarif et qui a besoin de se projeter. Un commerçant a besoin de se projeter d’au moins un an, savoir s’il va pouvoir dégager une marge, s’il va pouvoir payer son personnel. On a besoin d’un réel pouvoir d’achat, parce que pour pouvoir faire fonctionner une entreprise, il faut qu’on ait des gens qui puissent acheter“, ajoute-t-il.

Les employés également mobilisés

Aux côtés de ces patrons, une septantaine de travailleurs, parfois employés par des petits commerçants, soutiennent la mobilisation. “On s’inquiète pour nos affiliés. Nous sommes ici avec des travailleurs du secteur du commerce. Ce sont déjà des emplois très précaires, de beaucoup de flexibilité et de salaires très bas. Ils souffrent beaucoup avec cette crise énergétique“, justifie Deniz Agbaba, secrétaire permanente du secteur de la SETCA Bruxelles. “C’est bien de voir des petits indépendants qui se disent ‘si ma clientèle n’a pas de pouvoir d’achat, moi non plus, je n’ai pas de perspective de survie“, ajoute-t-elle.

Deniz Agbaba déplore l’insuffisance des mesures actuelles : “En ce qui concerne le prix de l’énergie, le gouvernement a donné une aide financière aux gens, mais soyons clair, elles vont directement dans la caisse des entreprises qui font des bénéfices de milliards sur un produit de base. On s’est rassemblés devant les institutions européennes, car on trouve qu’il doit y avoir un prix plafond sur les produits de base, ainsi qu’une taxation sur les surprofits de l’énergie“, explique-t-elle.

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■ Reportage de Bernard Denuit, Charles Carpreau et Théo Mazuy.