Des autoroutes vélo rentables ? Le Gracq demande des “infrastructures cyclables de qualité”

20130922 - BRUSSELS, BELGIUM: Illustration picture shows cyclists during the Car Free Sunday in the Brussels Capital region, Sunday 22 September 2013. In several cities and towns across Belgium a Sunday without cars or other motorized transport is organized. BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ

“Les bienfaits économiques de la création d’autoroutes vélo ont déjà été démontrés à plusieurs reprises par le passé; le problème, c’est qu’un tel investissement n’est pas rentable directement, indique lundi Aurélie Willems, porte-parole de l’association de défense des cyclistes Gracq, en réaction à l’étude de l’Institut flamand pour la recherche technologique (Vito) relayée lundi par De Standaard. Celle-ci a établi que le coût de construction des autoroutes vélo est plus que compensé en termes de santé.

Selon l’étude de Vito, l’avantage en matière de dépenses des soins de santé évitées grâce à la pratique quotidienne du vélo sur des voies rapides est deux fois plus important que celui du coût de construction. “Et alors qu’on estime à 12.000 le nombre de décès prématurés annuels liés à la mauvaise qualité de l’air en Belgique et que le coût des embouteillages est, lui, estimé à 600.000 euros par jour, il est important d’investir dans des infrastructures cyclables de qualité, soutient le Gracq. “D’autant plus qu’il s’agit d’un investissement rentable.”

Si des projets de voies cyclables express fleurissent actuellement un peu partout en Europe, la situation est fortement contrastée selon les Régions en Belgique. En Flandre, un vaste plan d’autoroutes vélos a été lancé. À terme, 110 voies express vélo seront créées reprenant un logo et une signalisation uniforme. La Flandre a déjà réalisé 60% de son réseau, souligne Aurélie Willems du Gracq.

Bruxelles : seulement 3 itinéraires financés sur 32 routes identifiées

À Bruxelles, 32 routes de réseau express régional vélo (RER vélo), un projet de liaisons vélo rapides entre Bruxelles et sa périphérie, ont été identifiées. Parmi celles-ci, quinze ont été désignées comme prioritaire en raison de leur potentiel élevé. Mais seulement trois itinéraires ont été intégrés au plan de pistes cyclables séparées adopté par le gouvernement bruxellois en 2015. On y retrouve entre autres la route du canal, qui bénéficiera de fonds européens pour réaliser une série de passerelles sous les ponts, afin d’éviter aux cyclistes la traversée de gros carrefours, explique Aurélie Willems. L’aménagement de ces liaisons express vélo est estimé à 112 millions d’euros, soit 400.000 euros du kilomètre : 67 millions pour la partie bruxelloise et 45 millions pour la partie située en Flandre. L’ensemble du réseau pourrait être financé au prix de la rénovation d’un tunnel bruxellois, épingle encore le Gracq.

Enfin, la Wallonie fait figure de parent pauvre en matière de liaisons express vélo, aucun plan pour ce type de voies n’étant à l’ordre du jour, selon le Gracq. “La planification du RER constitue à cet égard une opportunité manquée”, déplore l’association. Aucun projet de voie rapide vélo n’existe pour relier la Wallonie à Bruxelles. Or, une pétition réclamant la construction d’un RER vélo entre Ottignies et Bruxelles, le long de la ligne ferroviaire 161 avait rassemblé plus de 5.000 signatures l’an dernier. “Ce qui prouve qu’il y a bel et bien une demande pour ce type de voies”, souligne encore Mme Willems.

Les autoroutes pour vélo sont des pistes cyclables entre des grandes villes et suivent les infrastructures telles que les chemins de fer, les autoroutes et les canaux. Ces voies cyclables express doivent respecter cinq principes généraux, à savoir la cohérence, le caractère direct, l’attrait, la sécurité et le confort. (avec Gr.I., photo Belga/Laurie Dieffembacq)