Coronavirus : les hôpitaux psychiatriques et maisons de repos tirent la sonnette d’alarme

En première ligne face à la crise du coronavirus, les représentants des hôpitaux psychiatriques et la fédération des maisons de repos s’interrogent face aux risques de contagion et réclament des mesures d’urgence.

La fédération des maisons de repos Femarbel tire la sonnette d’alarme et demande des mesures urgentes pour le personnel qui travaille dans ces institutions, indique-t-elle dans un communiqué. “L’épidémie se répand. Rien qu’à Bruxelles et en Wallonie, ce sont 60.000 personnes âgées qui y résident et 40.000 membres de personnel qui y travaillent. Si les visites des proches des résidents ont été interdites, les 40.000 membres de personnel rentrent évidemment chez eux après le travail. Ils ont tous une famille. C’est donc une bombe à retardement qui risque d’exploser à très brève échéance”, clame la fédération.

Femarbel demande notamment que tous les membres du personnel soient “dépistés d’urgence”. Selon la fédération, contrairement aux dires de Sciensano, le personnel des maisons de repos n’a aucune priorité. La fédération redoute un absentéisme croissant et des conséquences pour les résidents.

Découvrez notre dossier complet sur la pandémie de coronavirus en Belgique et à Bruxelles.

Femarbel plaide aussi pour l’accélération de la distribution de matériel de protection. Malgré la livraison de masques chirurgicaux, la fédération estime que les quantités sont insuffisantes et qu’aucun matériel spécialisé (masques FFP2, blouses à usage unique, lunettes de protection) n’a été livré. “Nous demandons aux différentes autorités compétentes que les commandes passées par des hôpitaux, les institutions de soins comme les maisons de repos, leurs groupes et associations bénéficient d’une priorité absolue et d’une garantie de non blocage et d’un traitement administratif allégé au maximum”, souligne encore la fédération.

“Les grands oubliés”

Le secteur de la santé mentale et les hôpitaux psychiatriques en particulier sont en manque de matériel de protection contre le coronavirus, alerte pour sa part la coupole francophone des établissements de soins Santhea. Les risques de contagion inquiètent le personnel et le taux d’absentéisme est en hausse.

Le secteur non-hospitalier de la santé mentale a reçu des masques des Régions wallonne et bruxelloise, leur offrant un “répit temporaire”, mais les hôpitaux psychiatriques sont “les grands oubliés”, souligne Santhea. Ces établissements ne disposent d’ailleurs d’aucun stock car, en temps normal, ils ne traitent pas de pathologies justifiant le port de matériel de protection.

La fédération déplore que les hôpitaux psychiatriques ne soient pas considérés comme prioritaires alors qu’ils ont l’obligation de garder en confinement les patients Covid-19 positifs. “Cela signifie qu’une bonne partie du personnel est de facto en contact avec le virus au quotidien, sans protection, ou avec un simple masque chirurgical dans les meilleurs cas”, poursuit Valérie Victoor, conseillère générale de Santhea. “À tout cela s’ajoute le fait que certains patients psychiatriques éprouvent beaucoup de difficultés à appliquer, voire à comprendre, les mesures d’hygiène.”

Même si aucun foyer épidémique n’a été identifié dans les hôpitaux psychiatriques pour le moment, Santhea s’inquiète encore de l’absence de monitoring des cas de coronavirus dans ces établissements. “Cela signifie qu’un écho ne sera donné que lorsque la situation sera grave, c’est-à-dire trop tard”, prévient Valérie Victoor. (avec Belga – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck)

■ Reportage de Jean-Christophe Pesesse, Charles Carpreau et Laurence Paciarelli.