Communions, Bar mitzvah, mariages annulés : le secteur de l’événementiel à la peine

Effet collatéral des mesures de confinement destinées à lutter contre le coronavirus : tous les événements festifs ou rituels organisés aux mois d’avril et mai sont reportés ou annulés. Conséquences : au-delà de la déception des familles qui les attendent parfois depuis longtemps, des pertes financières énormes pour le secteur de l’événementiel. 

Communions, confirmations, mariages, Bar Mitzvah : le printemps, c’est la haute saison pour les fêtes et les cérémonies. Chez les catholiques, les célébrations rituelles sont fixées entre Pâques et la Pentecôte. Ainsi à  l’Union paroissiale Sainte-Croix (qui regroupe les quatre paroisses ixelloises de Sante-Croix, La Cambre, Saint-Boniface et Saint-Adrien), quelque 160 jeunes avaient rendez-vous pour célébrer leur communion ou leur confirmation le 17 mai prochain. Mais les Evêques de Belgique l’ont annoncé il y a peu : toutes les célébrations sont reportées, en raison des mesures de confinement en vigueur. “À Bruxelles, communions et confirmations sont célébrées en même temps. Elles devraient être reportées aux mois de septembre ou octobre. Mais les nouvelles dates n’ont pas encore été déterminées.“, explique Olivier De Coster, animateur pastoral. Il en va de même pour les mariages ou les Bar Mitzvah (rite de passage de l’enfance à l’âge adulte chez les Juifs) :  les synagogues sont fermées, rappelle Albert Guigui, le grand rabbin de Bruxelles, les cérémonies ne peuvent donc avoir lieu dans leur intégralité. Quant aux rassemblements festifs qui les accompagnent, ils sont évidemment reportés (ou annulés) eux aussi.

“Le manque à gagner est énorme pour le secteur de l’événementiel”

Déception pour les jeunes, pour les familles. Inquiétudes dans l’événementiel. Le secteur est lourdement touché par les annulations en cascade. “A partir de mi-mars jusqu’à l’été, c’est la haute saison pour nous.“, indique Gilles Molitor, CEO de Great Traiteur. Le carnet de commande était rempli jusqu’à l’été …. avant l’arrivée des mesures de confinement. Des mariages, surtout, des communions et des bar mitzvah. A côté des événements privés, la société organise également le catering d’événements d’entreprises. “Le manque à gagner est énorme. Aux mois de mai et juin, notre chiffre d’affaires atteint généralement les 750.000-1.000.000 d’euros. Rien que jusqu’au 19 avril, on est déjà à 700.000 euros de chiffres que l’on ne pourra pas réaliser.”, estime Gilles Molitor. Qui craint aussi l’effet retard : Les clients vont-ils encore organiser des événements d’ampleur dans un avenir proche ? “L’événementiel est le secteur qui a été touché le plus rapidement, et qui risque de reprendre le plus tard.”

Sentiment identique à l’agence événementielle Invite’Out : “les annulations courent déjà jusqu’à mi-juin“, s’inquiète la responsable Sharon Thiel. La société organise surtout des fêtes de mariages, communions, bar mitzvah. “On a annulé notre premier événement le 12 mars, à la veille de l’annonce des mesures, par sécurité et je suis déjà en discussion pour le report d’une fête de mariage fixée en juillet.” Conséquence ? “La perte de 100 % de nos revenus.” Heureusement la plupart des clients postposent leur événement. “Mais quand vont-ils oser organiser à nouveaux de grands rassemblements? Et puis les priorités des gens n’auront-elles pas changé? 

En effet, quand les mesures qui touchent ce type spécifique d’activités seront-elles levées ? Beaucoup s’interrogent dans le secteur. De manière générale, celui-ci s’attend à une baisse de son chiffre d’affaires de l’ordre de 54% par rapport à 2019, selon d’une étude menée par la KDG Hogeschool à la demande de l’alliance des fédérations ACC (Association of communication companies), BECAS (Association professionnelle des organisateurs d’événements), BESA (Belgian Event Supplier Association) et FEBELUX (fédération professionnelle du secteur Live Communication – Belgique et Luxembourg). Selon 1119 structures interrogées, neuf sur 10 pensent ne pas pouvoir tenir plus de six mois dans la situation actuelle sans connaître de sérieux problèmes financiers.

Pâques en version digitale

En attendant, les fêtes de pâques se préparent. Mais sous quelles formes ? Pour respecter les règles de distanciation sociale, pas question de grands rassemblements familiaux ou d’offices religieux publics. Les Evêques de Belgique ont décidé de suspendre tous les services liturgiques de la semaine sainte (du 5 au 12 avril). Alors les institutions s’adaptent. “On conseille aux familles de suivre les homélies à la maison sur internet, certaines unités pastorales proposeront même des messes en livestreaming, d’autres des versions pré-enregistrées.”, explique Olivier De Coster, de l’Union paroissiale Sainte-Croix.

Pâques revêt également une importance particulière chez les Juifs. “Le Seder de Pessah”, le repas traditionnel de Pâques, est l’occasion de grands rassemblements familiaux, mais il devra cette année être limité aux proches. Alors pour la première fois, il pourra se vivre de maniére connectée. Certains songent à se retrouver avec des parents et amis plus éloignés, tout en respectant le confinement, via des plateformes digitales. Le CCLJ, le cercle communautaire laïc juif, organise un “Seder connecté” ce mercredi 8 avril. Les familles pourront suivre en direct une partie de la soirée, qui célèbre la sortie des Juifs de l’esclavage en Egypte, sur une plateforme de communication digitale. “Cela permet de garder l’esprit de cette fête communautaire, génératrice de liens et d’ouverture, de se retrouver et de manger ensemble, même à distance.”, explique Benjamin Beeckmans, responsable des fêtes juives au CCLJ. Et visiblement, l’idée séduit. “On a beacoup de jeunes qui veulent initier leurs grands-parents au monde digital. L’aspect intergénérationnel est garanti!

Sabine Ringelheim – Crédit Photo : Great site web

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07 avril 2020 - 06h30
Modifié le 07 avril 2020 - 11h21