Communes : le délicat équilibre entre déconfinement des services et travail en toute sécurité pour les agents
Dans les administrations communales, le travail en présentiel ne s’est jamais complètement arrêté. Certaines missions nécessitent la présence physique des agents. Mais le télétravail s’est largement développé. S’il reste la norme, au regard des recommandation du CNS, comment s’adapter à la reprise des activités? Certaines communes ont élaboré un plan de déconfinement pour leurs équipes.
A la Ville de Bruxelles, “le télétravail reste la règle pour les tâches télétravaillables mais nous avons demandé aux agents de revenir un jour par semaine“, nous répond Faouzia Hariche (PS), l’échevine en charge des Ressources humaines. Autrement dit, ils restent en télétravail 80% du temps. Cela concerne quelque 1200 agents, sur 3000. Les autres ont dû continuer à travailler en présentiel pendant toute la période du confinement.
Car “le travail en présentiel ne s’est jamais arrêté. Il a fallu assurer la continuité du service au public“, rappelle Karine Lalieux (PS), la présidente du CPAS de la Ville de Bruxelles. Là aussi, les équipes qui ont travaillé à distance ou se trouvaient en dispense de service, vont devoir revenir un jour par semaine, “pour commencer“. Parce qu’il va falloir assurer la reprise des missions qui ont été suspendues, comme les salles d’études, les écoles de devoir, mais aussi “parce qu’il est important de reprendre la vie en société“, précise Karine Lalieux. Avis partagé par Faouzia Hariche : “Il est indispensable de revoir des gens, de sortir de chez soi et certaines personnes ont besoin de prendre du recul par rapport à la cellule familiale.”
Le CPAS a élaboré un plan de déconfinement en collaboration avec les syndicats. Il prévoit notamment l’aménagement des locaux, pour assurer la sécurité des travailleurs, sous le contrôle du SIPPT (Service interne pour la prévention et la protection au travail); mais aussi un accompagnement psycho-social “pour ceux et celles qui n’osent plus sortir de chez elles et ont peur de revenir mais aussi pour sensibiliser les personnes peu respectueuses des consignes de sécurité“, explique Karine Lalieux. Un guide des bonnes pratiques a aussi été édité.
Un, deux voire trois jours par semaine de présence
Plan de déconfinement également à Jette, où il est en oeuvre depuis trois semaines, assure le bourgmestre Hervé Doyen (cdH). “Il faut accommoder trois éléments“, explique-t-il. “La nécessité d’assurer le service au citoyen, les recommandations du CNS (Conseil national de sécurité) et la vie de l’administration. Certains agents pleurent pour pouvoir revenir au bureau.”Le principe est de responsabiliser les chefs de service de l’administration qui assurent la mise en oeuvre du déconfinement de leurs agents. Dès lundi, tout le monde est prié de revenir travailler en présentiel au minium deux jours par semaine, “puis on passera à trois. Mais parallèlement Jette réfléchit depuis bien avant la crise sanitaire au développement du télétravail dans ses services. Cette réflexion se poursuit“, conclut Hervé Doyen.
A Saint-Gilles, la commune collabore également avec les syndicats pour s’assurer que la distanciation sociale est applicable dans les bureaux dans le cadre d’un retour progressif, explique Jean Spinette, échevin des Finances et de l’Enseignement (PS). Chaque local recevra la visite du SIPPT, pour garantir la sécurité du personnel. Ici aussi, les deux modes de travail vont continuer à cohabiter, travail à distance et travail en présentiel, mais avec un roulement “car il faut une répartition équitable entre les équipes“, continue l’échevin. Depuis le début, certaines personnes ont dû assurer une présence physique permanente, pour assurer les services de première ligne, d’autres ont travaillé exclusivement chez elles, d’autres enfin étaient en dispense de service. “On demande aux agents de revenir deux jours par semaine.” Comme au CPAS, où le télétravail a été appliqué dans la mesure du possible, sachant que toute les tâches ne sont pas télétravaillables. Un plan de reprise est maintenant lancé. Le retour des équipes à distance s’effectue progressivement, en respectant toutes les mesures de sécurité. “Certaines personnes sont inquiètes, celles qui ont été confinées depuis le début ont plus de mal et c’est normal, mais il y a aussi des travailleurs qui veulent revenir“, explique Myriem Amrani (PS), la présidente du CPAS de Saint-Gilles.
Le télétravail reste la norme également à Anderlecht mais dans le cadre d’un déconfinement progressif des agents, explique Jérémie Drouart (Ecolo), l’échevin chargé de la Modernisation de l’administration et du SIPPT. “On favorise autant que possible le travail à distance mais il y a une reprise petit à petit du travail, que chaque service met en oeuvre en fonction des besoins, avec des tournantes, pour que tout le monde s’y retrouve.” Ainsi, quand les tâches l’imposent, les agents sont tenus d’être présents un, deux voire trois jours par semaine, selon les nécessités.
A Etterbeek, le collège devra se prononcer ce jeudi sur un plan de déconfinement du personnel. Ainsi le bourgmestre Vincent De Wolf (MR) propose que les ouvriers des services propreté, voiries et jardins travaillent en deux shifts, avec décalage des horaires, pour assurer la distance physique. “En ce qui concerne les autres services, le principe c’est que personne ne soit présent moins de deux jours par semaine, avec un roulement“, poursuit le bourgmestre. Avec évaluation de la situation dans trois semaines.
“Retour progressif à un rythme régulier”
Koekelberg opère petit à petit un retour à une vie presque normale, indique Isabelle Verboekhoven porte-parole de la commune. Le télétravail reste la norme pour les fonctions non essentielles et sans contact avec le public. Mais dans les services aux citoyens, le traitement des dossiers, réservé aux urgences jusqu’ici, reprend et implique la présence d’une partie des équipes, en tournante, pour garantir la sécurité de tout le monde. Des mesures d’hygiène sont assurées, avec l’installation de cloisons en plexiglas dans les locaux trop exigus. Mais aucun service ne peut fonctionner en télétravail complet, précise encore la commune.
A Woluwe-Saint-Lambert également, les services reprennent à un rythme régulier, assure le bourgmestre Olivier Maingain (DéFI). Le principe de base demeure le télétravail. Mais les équipes reviennent, en roulement, pour assurer le contact avec le public. Ici aussi, la restriction imposée jusqu’au 18 mai de ne traiter que les dossiers urgents, est levée. Dans certains services, le travail à distance est toujours possible, mais dans d’autres, comme l’urbanisme, le suivi administratif exige la présence des travailleurs. Les bureaux ont été adaptés de manière à assurer la sécurité de tout le monde. Quant aux équipes de terrain (voirie, espaces verts etc), les horaires et shifts ont été aménagés pour assurer un nombre réduit d’agents sur un même lieu.
A Molenbeek aussi, le personnel des services où la présence physique est indispensable (instruction publique, guichets, …) est appelé à revenir, mais dans des conditions de sécurité maximale, assure Rachid Barghouti, le porte-parole de la bourgmestre Catherine Moureaux (PS). Pour autant, les agents qui le peuvent, continuent à travailler à domicile. Le télétravail reste la norme jusqu’au 1er juin au moins.
A Schaerbeek, au début du confinement, la commune avait établi un plan de continuité des services pour déterminer ceux qui étaient indispensables, avec maintien du personnel en présentiel; ceux permettant le télétravail; et enfin ceux qui étaient à l’arrêt, dont les agents étaient mis en disponibilité. Après les vacances de Pâques, certains services avec accueil au public ont repris, impliquant un retour progressif de travailleurs, explique Cécile Jodogne (DéFI), bourgmestre f.f.. Avec la reprise aujourd’hui de services communaux (comme l’entretien, les travaux, etc), les agents mis en disponibilité sont de retour également. A la mi-mai, 25% du personnel étaient toujours en télétravail, celui-ci restant privilégié tant que possible. L’ouverture des bâtiments communaux au public et des bureaux aux équipes ne peut se faire du jour au lendemain, car elle s’accompagne de visites du SIPPT et de mesures de sécurité, précise Cécile Jodogne. La situation sera réévaluée début juin.
A Saint-Josse, il y a eu en deux mois une accumulation de travail, qui doit désormais être traité et nécessite le retour de certains agents en présentiel, selon le bourgmestre Emir Kir (Indépendant). Le télétravail reste privilégié, assure-t-il, mais il va sans doute diminuer dans les semaines qui viennent, car dans plusieurs départements, la présence physique des agents nécessite que les télétravailleurs soient rappelés.
A Berchem-Sainte-Agathe, si une partie des missions a toujours été assurée en présentiel, notamment les guichets, même s’ils fonctionnent sur rendez-vous, le télétravail reste la règle à ce stade. La situation mise en place au début du confinement perdure, mais elle est réévaluée de manière régulière, nous indique Mireille Walschaert, chargée de la communication. En l’occurrence il a été décidé ce lundi matin d’analyser service par service les possibilités d’un retour partiel des équipes en télétravail, à raison, par exemple, de deux jours par semaines, pour assurer 50 % de permanence dans les services.
Sabine Ringelheim – Photo: BX1