Comment mieux lutter contre le harcèlement scolaire : “Il s’agit d’un phénomène d’emprise”

Le harcèlement scolaire est un phénomène d’ampleur qui touche plus d’un élève sur dix. Pourtant, outre des initiatives dispersées, il n’existe pas encore sur le terrain de plan coordonné pour s’attaquer au problème. La ministre de l’Éducation en Fédération Wallonie Bruxelles, Caroline Désir (PS) a décidé d’y remédier. Une bonne nouvelle, pour Benoît Galand, professeur de Sciences de l’éducation, auteur de nombreux travaux sur le sujet et d’un récent ouvrage destiné à combattre les idées reçues sur le harcèlement scolaire. 

Il peut y avoir un décalage entre les idées reçues qui circulent sur le sujet et la somme de connaissance scientifiques accumulées depuis 40 ans, mais peu accessibles, explique Benoît Galand. Le spécialiste travaille depuis longtemps sur le sujet mais “on peut toujours avoir une meilleure idée du phénomène pour mieux agir.”

Le harcèlement scolaire n’est pas, comme le pensent certains, une petite chamaillerie entre enfants ou entre jeunes, insiste Benoît Galand. Il s’agit bien d’un phénomène d’emprise. Deux éléments le caractérisent : l’inscription dans la durée et la non-réciprocité : “Une personne prend l’ascendant sur une autre. Les effets sur la santé sont redoutables.”

Squid Game : du harcèlement ?

Autre élément : le harcèlement diminue avec l’âge. Il est davantage fréquent chez les plus jeunes, “le pic, c’est à la fin du primaire.” Quant au cyberharcèlement, “on se rend compte qu’il se produit entre personnes qui se connaissent, ce n’est qu’un prolongement de ce qui se passe dans la vraie vie,  il faut donc plus s’inquiéter de ce qui se passe dans les cours de récréation.”

Comme les pratiques actuelles inspirées de la série sud-coréenne Squid Game ?

Il ne s’agit pas vraiment de harcèlement, mais d’un phénomène que l’on a déjà connu par exemple avec le jeu du foulard. Un phénomène d’élèves qui veulent imiter ce qu’ils voient sur les écrans. Il s’agit d’un phénomène d’imitation basique, qu’on connaît bien. La question que l’on se pose, c’est de savoir s’ils deviennent violents parce qu’ils ont regardé la série ou s’ils pratiquent déjà des jeux violents et qu’ils ont décidé de faire comme dans la série. Le débat est plus compliqué“, répond Benoît Galand. “On sait qu’il y a des effets de l’exposition à la violence sur les écrans. Mais ce qui est sûr, c’est que voir des choses violentes sur les écrans, ça rend les gens moins empathiques, plus irritables, plus agressifs.”

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