Budget fédéral : Bart De Wever en appelle au courage des partis de la majorité
Le Premier ministre, Bart De Wever, en a appelé jeudi à la Chambre au courage des partis de la coalition Arizona. L’assainissement budgétaire auquel est astreint le gouvernement est le plus difficile de ce siècle, a-t-il affirmé.
Interrogé par l’opposition, le chef du gouvernement fédéral a une nouvelle fois mis en garde contre le péril budgétaire que courait le pays. Des efforts ont déjà été consentis depuis l’entrée en piste de l’Arizona, mais ils devront s’intensifier si la Belgique veut éviter un scénario décrit comme catastrophique. “Ne pas consentir des efforts maintenant serait coupable”, a assuré M. De Wever.
Depuis quelques jours, les pistes de réduction des dépenses ou d’accroissement des recettes circulent dans la presse: augmentation de la TVA, saut d’index, restriction des avantages fiscaux des sociétés de gestion, accentuation de la remise au travail des malades de longue durée, etc. Le Premier ministre s’est abstenu de les commenter. Mercredi, le gouvernement a tenu une réunion en comité restreint, prélude d’un conclave budgétaire qui devrait commencer vendredi, après une journée de jeudi consacrée à des entretiens bilatéraux avec les vices-Premiers ministres des partis de l’Arizona. “J’en appelle aux partis de la majorité afin qu’ils accordent la même priorité. Je comprends que cela n’est pas facile, que cela demande du courage mais c’est pour cela que l’on a été élu: pour assumer ses responsabilités et réaliser l’assainissement le plus difficile de ce siècle. Montrons donc aussi vite que possible aux marchés financiers que notre pays fait ce qu’il faut pour retrouver une santé financière solide”, a-t-il déclaré devant les députés.
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Le Premier ministre prononce traditionnellement son discours de politique générale le deuxième mardi d’octobre devant la Chambre. Le gouvernement parviendra-t-il à conclure un accord budgétaire d’ici là? Certains en doutent au vu de l’ampleur de la tâche et des quelques jours qui lui restent. Là encore, M. De Wever n’a pas voulu se prononcer. S’il veut respecter ses engagements vis-à-vis de l’Europe, le gouvernement doit trouver au moins 8,2 milliards d’euros d’ici la fin de la législature, en plus de ce qui a déjà été convenu dans l’accord de gouvernement. S’il veut atteindre un déficit réduit à 3% du PIB en 2030, l’ardoise monte à 16,6 milliards.
Les références cyclistes à un col hors-catégorie font florès depuis quelques semaines. L’Arizona n’est pas au bout de ses peines. Car, si les présidents de parti ont rivalisé d’idées pour faire rentrer de l’argent et/ou en dépenser moins, aucun n’a proposé un ensemble qui permettrait d’arriver à ces 8 à 10 milliards. D’où l’inventivité dont devra faire preuve le gouvernement et le “réalisme” auquel devront se résoudre chacune des cinq formations de la majorité dans les jours à venir. L’un des défis majeurs est d’éviter l’“effet boule de neige”, c’est-à-dire un emballement des charges d’intérêt de la dette publique qui pourraient atteindre 21 milliards d’euros en 2030. “Nous devons appuyer sur la pédale d’accélérateur pour éloigner notre pays du viseur des marchés internationaux”, a souligné M. De Wever, qui a pris comme contre-exemple la France voisine.
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L’opposition a tiré à boulets rouges sur certaines des pistes évoquées, notamment la hausse de la TVA et le saut d’index. “Ce n’est pas un col hors-catégorie que vous venez de franchir mais un sommet de déconnexion de la réalité vécue par une grande partie de la population”, a affirmé Pierre-Yves Dermagne (PS). “Ce que vous allez faire, c’est faire payer les gens”, a renchéri Raoul Hedebouw (PTB), tandis que François De Smet (DéFI) s’est montré inquiet sur les priorités du Premier ministre. “Dans votre appel aux partis de la majorité, vous avez réclamé des efforts pour satisfaire les marchés, pas les citoyens”, a-t-il fait remarquer. Ecolo-Groen a accusé le gouvernement d’“aveuglement”: dans son dernier rapport, le comité de monitoring a mis en garde contre une diminution constante des recettes depuis dix ans, qui ne semble pas inquiéter le Premier ministre, selon les Verts. À droite, la perspective d’une hausse de la TVA fait également bondir l’Open Vld. “BDW-BTW”, a lancé Alexia Bertrand, rapprochant ainsi les initiales du Premier ministre et celles de la taxe sur la valeur ajoutée en néerlandais.
Belga





