Bruxelles au centre des critiques : retour sur la confusion autour de l’évacuation du “Palais des droits”

Suite à l’expulsion du squat rue des Palais, 163 occupants ont été relogés dans l’hôtel Ibis Budget de Ruisbroeck, qui fait partie de la commune de Leeuw-Saint-Pierre, dans le Brabant flamand. Le bourgmestre Jan Desmeth (N-VA) regrette ne pas avoir été consulté préalablement par la Région bruxelloise. Fédéral et Région se renvoient la balle. Les associations de terrains, elles, réclament une solution pour les personnes qui dorment à la rue.

Le squat rue des Palais est aujourd’hui bien fermé. Depuis l’évacuation, des centaines de demandeurs d’asile ont été répartis dans cinq centres d’accueil. Mais, faute de place, entre 150 et 200 personnes n’ont pas pu trouver de logement et se retrouvent à devoir dormir dehors, devant le Petit-Chateau le long du canal.

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Parmi les demandeurs d’asile qui ont été relogés, 163 ont été envoyés dans un hôtel situé à Ruisbroek, dans la commune flamande de Leeuw-Saint-Pierre. Problème : le bourgmestre affirme qu’il n’a pas été prévenu de leur arrivée. “Nous n’étions pas au courant, personne ne nous a informés ! Ni le gouvernement fédéral via Fedasil, ni le cabinet de Nicole de Moor, ni le cabinet de Rudi Vervoort. Ce n’est vraiment pas possible. C’est apparemment une organisation bruxelloise qui a pris l’initiative, alors que l’hôtel était déjà au courant hier. Donc l’hôtel est prévenu, mais pas les personnes chargées de la sécurité publique… C’est hilarant !” fustige-t-il.

Fédéral et Région bruxelloise se renvoient la balle

Un manque d’information que réfute le cabinet du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) qui assure qu’il y a eu des contacts entre les zones de police et les gouverneurs des deux provinces. Et que deux lignes de communication ont été mises en œuvre : d’une part, entre les responsables des zones de police, et d’autre part, de haut fonctionnaire à gouverneur.

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De son côté, le fédéral ne l’entend pas de cette oreille et fustige à son tour… la Région bruxelloise. Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V) ont pointé jeudi à la Chambre des “dysfonctionnements” dans l’évacuation du squat et visé les autorités bruxelloises qui ont mené l’opération.

Dans un tweet, Nicole de Moor en remet une couche et garantit que les demandeurs d’asile relogés à Ruisbroek seront prioritaires pour Fedasil. “L’hébergement d’urgence pour les habitants de la rue des Palais est organisé par la Région bruxelloise. Je regrette qu’il n’y ait pas eu de concertation avec le bourgmestre. L’hôtel n’est pas une solution durable. Les demandeurs d’asile de Leeuw-Saint-Pierre seront prioritaires vers Fedasil.

Un tweet qui fait bondir à leur tour les associations de terrain. Mehdi Kassou, porte-parole de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, se demande pourquoi prioriser des demandeurs d’asile qui sont dans un hôtel, au profit de ceux qui dorment dans la rue : “Je crois que c’est une décision politique qui est liée au contexte flamand et au contexte de crise dans lequel on est. Mais c’est une décision qui ne repose sur rien d’un point de vue humanitaire ou sanitaire. Elle est même extrêmement incohérente et dangereuse“. Et de poursuivre : “On a encore un bel exemple d’une crise qui a amené des conséquences sanitaires et humaines absolument dramatiques que la Région bruxelloise essaie de prendre en charge. Ce qu’on voit, c’est que le fédéral brille par son absence.

À l’heure d’écrire ces lignes, la Région bruxelloise précise que 90 personnes logent encore dans l’hôtel ce jeudi soir. Fedasil poursuit son travail de screening concernant ces personnes. La Région bruxelloise continuera quant à elle à chercher des solutions pour les personnes restantes dans l’hôtel.

Notre dossier sur l’accueil des réfugiés

Un reportage de Camille Tang Quynh, Salma Barham et Séverine Rondeau