Bruss’Help recense les sans-abris et personnes mal logées à Bruxelles : “On n’a jamais eu autant de zones à couvrir”

Ce mardi soir, Bruss’Help a mené son recensement des personnes sans-abri et des personnes mal logées (soit les personnes qui n’ont pas de domicile fixe, mais qui ne dorment pas dans la rue), comme tous les deux ans.

Dans Le 12h30, le directeur de Bruss’Help François Bertrand explique comment s’est déroulé cette nouvelle campagne, importante pour mieux objectiver les chiffres du sans-abrisme et des difficultés de logement en Région bruxelloise. “C’est la première grande mobilisation du secteur de l’aide et du service public vu que 300 personnes ont sillonné les rues ce mardi soir, ce qui est une première. D’habitude, on est à 150 personnes”, explique le directeur. “Mais en même temps, nous n’avons jamais eu autant de points de signalement en préparation des zones que nous avons couvertes lors de ce dénombrement. Ce sont des zones signalées par les maraudes et les travailleurs de rue durant les jours et semaines qui précèdent l’opération. Une autre phase concernera ensuite le comptage des squats et installations provisoires”.

Les chiffres de Bruss’Help risquent-ils d’augmenter vu que le nombre de personnes chargées de ce comptage augmente ? “C’est un biais scientifique auquel nous sommes évidemment attentifs. La méthodologie reste la même que celle de ces dix dernières années, et nous utilisons une méthodologie européenne qui nous permet aussi de comparer ces chiffres avec les autres pays européens. (…) La méthode européenne permet d’associer les travailleurs de première ligne, qui connaissent ces personnes sans-abri et mal logées, de faire un premier screening, et de mieux réaliser ce recensement.”

“On va vers une hausse”

Lors du dernier recensement, réalisé en pleine période de Covid-19, en 2020, 719 sans-abris et 5 313 personnes mal logées et sans-abri avaient été recensés par Bruss’Help, soit une augmentation de 27% par rapport à 2018. Qu’en sera-t-il cette année ? “On ne connaît pas encore le chiffre exact, mais mon sentiment, c’est qu’on va vers une hausse vu les crises actuelles”, estime François Bertrand. “Le fait qu’on n’a pas de moratoire sur les expulsions en Région bruxelloise, contrairement au Luxembourg ou à la Région wallonne, risque de mener encore à une augmentation de personnes mal logées.

Le public est-il différent par rapport à 2020 ? “Depuis septembre et octobre, plusieurs Ukrainiens sont dans la rue, mais cela reste limité. Et on a aussi une crise de l’accueil migratoire plus générale. Mais les différents services publics, au niveau régional ou fédéral, travaillent pour prévenir ces situations de sans-abrisme et tenter d’aider au mieux ces personnes”.

■ Interview de François Bertrand, directeur de Bruss’Help, par Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier dans Le 12h30.

Gr.I. – Photo : illustration Belga/Eric Lalmand