Bars du cimetière d’Ixelles : quelles solutions pour que cela n’arrive plus ?

Différents acteurs ont un rôle à jouer que cela soit en matière de prévention ou de réactions rapides après une agression : autorités communales, avocats, Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles, chacun à son niveau peut apporter des éléments de réponse avec des conseils pratiques.

Les associations féminines et de défense seront présentes ce soir devant la maison communale pour exprimer leur mécontentement et demander des changements en profondeur suite aux agressions de jeunes filles dans certains bars du cimetière d’Ixelles. Le Bourgmestre, Christos Doulkeridis (Ecolo), a prévu d’aller à leur rencontre lors de la manifestation. « Je vais évidemment dialoguer avec elles à la maison communale. Il est important que tout le monde puisse s’exprimer. Évidemment, j’ai conscience que le rythme judiciaire est différent. »

Il veut poursuivre un travail en profondeur : « Je veux que l’on fasse un travail structurel qui ne s’arrête pas dans une semaine. Je vais proposer que l’on travaille sur un diagnostic de ce qui est vécu par les femmes pour améliorer les choses. Après, nous confronterons ces résultats avec le secteur de l’Horeca, les bars, les cercles étudiants et l’ULB pour que des modifications en profondeur aient lieu. Je veux que ce travail soit mené dans les deux mois. Je tiens à ce qu’il y ait un avant et un après bien au-delà du pic médiatique. »

Une priorité de la zone de police

Christos Doulkeridis rappelle qu’il n’a pas attendu cette manifestation pour agir : « Depuis le début de la législature, je travaille sur cet aspect des violences intrafamiliales et sexuelles. J’ai voulu qu’elles soient intégrées dans le plan zonal de sécurité. Ce n’était pas le cas avant. J’en ai fait une priorité de la zone. Avec Philippe Close, on travaille à l’accueil des victimes depuis des années. » Il souligne l’effort que la police a fait en la matière : « Il y a une véritable évolution dans la prise en charge. On peut évidemment encore faire mieux. La police est formée pour notamment envoyer les victimes au Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) de Bruxelles qui se situe à l’hôpital Saint-Pierre.»

Comment déposer plainte ?

Pour l’avocate Caroline Poiré, spécialisée en la matière, les jeunes doivent connaître certains éléments pour mieux anticiper ce type d’événement : « Il faut savoir que le site www.violencessexuelles.be existe. Il a été crée à l’initiative de la police et de l’Institut pour l’égalité entre les hommes et les femmes qui regroupe toute une série d’informations sur les démarches à suivre pour déposer plainte. C’est un premier relais important. »

Elle rappelle l’importance de se rendre à la police : « Il existe des dérives policières, mais j’appelle à la prudence par rapport à ce qui se dit sur les réseaux sociaux contre la police. Les victimes ne doivent pas avoir peur d’aller déposer plainte à la police. Il ne faut pas généraliser:  de très nombreux policiers font bien leur travail. »

Elle rappelle aussi que les hommes sont concernés par cette problématique aussi : « J’ai des hommes dans mon cabinet pour des cas d’inceste. » Elle plaide, par ailleurs, pour que les victimes « soient accompagnées d’un avocat dès le dépôt de plainte. Évidemment, cela voudrait dire qu’il faut une modification législative parce que ce n’est pas prévu dans la loi. »

Un conseil simple

Me Caroline Poiré donne un conseil pratique : « Si les victimes ont une assurance protection juridique, elles peuvent bénéficier d’un avocat. Il est aussi possible d’avoir un avocat gratuit si elles sont dans les conditions du bureau d’aide juridique. » Selon elle, l’assurance protection familiale peut comporter cette protection juridique, mais les parents, par exemple, doivent bien vérifier leur contrat. Ils n’y sont pas toujours attentifs.

Un centre à connaître !

Elle évoque aussi la question du centre de prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) de Bruxelles qui se situe à l’hôpital Saint-Pierre, mais il y en a un aussi à Liège et à Gand. « Il y en a trois en Belgique. La victime va y recevoir un soutien psychologique, une analyse médicale et une analyse de preuve. La plupart des victimes qui viennent à mon cabinet ne connaissent pas l’existence des CPVS. Les parents ne doivent pas hésiter à en parler à leurs enfants pour dire que cela existe. »

À votre écoute à l’hôpital Saint-Pierre

Au Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) de Bruxelles, les victimes ne doivent pas hésiter de se présenter : « Outre les soins médicaux, l’examen médico-légal et le soutien psychologique, il est possible de déposer plainte auprès d’un inspecteur spécialement formé pour les faits de mœurs. » précise-t-on.

Quand et comment se présenter au CPVS ? Si la violence sexuelle a eu lieu, il y a moins d’un mois, il faut se rendre rapidement au CPVS (24h/24h) ou prendre contact par téléphone ou mail pour un rendez-vous. Idéalement, même si l’expression peut paraître malheureuse, la victime doit se « présenter si possible dans les 72 heures pour une meilleure prise en charge des risques infectieux et les prélèvements médico-légaux. »

Toutefois, même quand l’agression a eu lieu, il y a plus d’un mois, le CPVS propose une prise en charge avec différents intervenants du centre ou en collaboration avec d’autres professionnels du CHU Saint-Pierre ou de son réseau.

Si vous avez un doute, n’hésitez jamais à prendre contact avec eux : +32 (0)2 535 45 42 ou au CPVS@stpierre-bru.be

V.Li. – Photo : BX1