Après les opérations policières, le sentiment d’insécurité a-t-il baissé à la gare du Midi?

Où en est-on au niveau de la sécurité à la gare du Midi ? Les opérations policières ont-elles permis de faire baisser le sentiment d’insécurité des navetteurs ? Camille Paillaud est sur place et a recueilli plusieurs témoignages qui indiquent “un mieux”, selon les jours, en ce qui concerne la présence policière. Mais le sentiment d’insécurité demeure, surtout au petit matin, avec toujours des personnes en errance et des pickpockets, et hier encore, un vol a eu lieu devant témoins sans que personne ne puisse intervenir.

Trois axes

Les membres du CORES (Conseil régional de sécurité bruxellois) réclament la mise en place rapide de mesures d’accueil pour les demandeurs d’asile. “Ceux-ci doivent être répartis sur l’ensemble du territoire national”, ont-ils indiqué dans un communiqué publié mardi par le cabinet du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort à l’issue d’une réunion consacrée aux problèmes liés à la sécurité rencontrés à la gare de Bruxelles-Midi.

Lors de cette réunion, Rudi Vervoort a présenté les trois axes du plan d’actions coordonné de la Gare du Midi arrêté conjointement par les différents niveaux de pouvoirs (fédéral, régional et communal).  Le premier, qui sera conduit par les services de police et l’Office des Étrangers, porte sur la lutte contre les phénomènes criminels et l’illégalité dans et autour de la gare. Le deuxième vise, lui, le phénomène de sans-abrisme, les problèmes de dépendances, de toxicomanie et de propreté dans le quartier de la gare. Enfin, le troisième axe prévoit des travaux d’adaptation de l’infrastructure. Les membres du CORES ont accueilli positivement l’initiative de l’élaboration de ce plan d’actions qui réunit l’ensemble des acteurs concernés et la prise en charge de la problématique visée, indique le communiqué. “Lors de cette réunion, il a aussi été rappelé la nécessité d’une approche globale comprenant le besoin d’une prise en charge des problématiques présentes dans et autour des autres gares bruxelloises et des stations de métro afin d’éviter le report de phénomènes sur le territoire bruxellois”, est-il ajouté. Mardi matin en commission du Parlement bruxellois, Rudi Vervoort a une nouvelle fois invité le fédéral à “assumer ses responsabilités” dans le dossier de la sécurité à la gare du Midi.

 

Les syndicats policiers plaident pour un plan d’actions plus large

La semaine dernière, sous la coordination du Centre de crise National (NCCN), les pouvoirs publics fédéraux, régionaux et communaux se sont accordés avec la SNCB sur un plan d’actions en vue d’améliorer la sécurité et la propreté dans la gare du Midi. L’accueil est cependant mitigé du côté des syndicats policiers, qui espèrent que les efforts ne vont pas s’arrêter là.

Le plan d’actions comprend 22 mesures, parmi lesquelles la création d’un commissariat de police dans la gare de Bruxelles-Midi ou à proximité immédiate, ainsi que l’interdiction de consommer de l’alcool sur le site. Si Vincent Houssin, vice-président du syndicat VSOA/SLFP-Police salue l’initiative de la ministre de l’intérieur Annelies Verlinden (CD&V) et l’élaboration de ce plan, il se montre plutôt sceptique quant à sa mise en oeuvre. “La police est désargentée et des problèmes ont été négligés pendant des années”, affirme-t-il pointant les mauvaises conditions de travail des agents.  Tout comme son homologue du SNPS, Carlo Medo, M. Houssin s’inquiète de l’impact des mesures sur la criminalité à Bruxelles. “En nettoyant Bruxelles-Midi, on risque de déplacer le problème ailleurs”, déclare-t-il. “Il y a d’autres gares problématiques en Belgique. Cela fait des années que l’on entend dire que la situation à Bruxelles-Nord est invivable. L’année dernière encore, un collègue y a été poignardé à mort, mais cela n’a pas changé grand-chose”. “Nous avons besoin de plus de ressources, d’infrastructures et de personnel”, martèle le syndicaliste. “Les grandes gares n’intègrent pas de commissariat de police en leur sein, c’est scandaleux, et le déficit en personnel s’élève à au moins 2.500 personnes.

Les objectifs de recrutement ne sont (décidément) pas atteints”. Interrogé sur les relations qu’entretiennent les syndicats avec le ministre de la justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD), M. Houssin a répondu lapidairement qu’elles s’étaient “complètement détériorées”. “Et Cela n’a rien à voir avec le ‘pipigate’. En négociant un accord, en le cosignant et en le reniant ensuite, il a poignardé la police dans le dos”, a-t-il ponctué.