Ancien détenu, Tahar Elhamdaoui consacre sa vie à la réinsertion: “Tendre la main avec une alternative crédible”
Après un séjour en prison, Tahar Elhamdaoui s’est donné comme projet d’aider les autres à se réinsérer dans la société via le collectif Désistance.
Tahar Elhamdaoui a 21 ans quand il entre à la prison de Forest en 1988, après s’être laissé embarquer dans une expédition punitive qui entraîne la mort d’un homme. Il y reste 26 mois et occupe principalement la cellule 89 de l’aile B. Son arrivée à la prison est un choc : “On faisait nos besoins dans des WC chimiques, on avait un paravent, c’était sale“, se souvient-il encore. “Il me faudra quelques mois pour accepter cette situation et me relever. Je me dis que je ne vais pas rester là à tourner en rond, il faut que je bouge“, conclut-il.
À ce moment-là, Tahar se recentre et décide de suivre des cours et de travailler au sein de la prison. “Ça m’a permis de penser à autre chose et de construire, quelque part, mon lendemain. Je l’ignorais, mais le fait d’être en projet et au travail, ça ouvre des possibilités !”
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Aujourd’hui, Tahar ouvre le champ des possibles pour d’autres, via son collectif Désistance qui collabore avec la maison de détention de Forest. Dans cet espace, en une année, près de 50 détenus ou ex-détenus suivent un programme de huit semaines pour construire leur futur, loin de la délinquance.
L’encadrement a un objectif : “Maximiser les chances de réinsertion en découvrant ce qu’on a en soi, ce qui fait qu’on peut bifurquer de chemin et trouver des satisfactions en dehors de la délinquance, par exemple en travaillant ou en se formant“, explique Tahar Elhamdaoui.
Tahar travaille dans la réinsertion depuis 34 ans, avec toujours la même soif d’aider comme d’autres l’ont fait pour lui. “Ce qui m’a aidé, c’est qu’il y ait eu des gens qui m’ont tendu la main. Si le projet Désistance ou n’importe quel projet de réinsertion peut faire ça, c’est pas mal. Tendre la main avec une alternative crédible“, rêve-t-il.
Aujourd’hui, le coordinateur pédagogique espère incarner une réussite crédible pour les jeunes détenus. Son livre, “En marge en marche”, dans lequel il raconte toute son histoire, paraît ce lundi.
■ Reportage de Charlotte Verbruggen, Anna Lawan et Laurence Paciarelli





