Affaire Sabrina et Ouassim : trois policiers condamnés à de la prison, les proches des victimes mitigés
Le jugement est tombé ce matin dans l’affaire Sabrina et Ouassim au tribunal de police de Bruxelles. Les trois policiers sont condamnés.
Pour rappel, le 9 mai 2017, Sabrina et Ouassim circulaient à moto dans Bruxelles. Ils ont tenté d’échapper à une patrouille de police qui voulait les contrôler, puis ont percuté une seconde voiture de police qui s’était mise en travers de la route.
Une audience plutôt rapide a eu lieu ce mardi matin, au cours de laquelle la cour a motivé son jugement, au pénal comme au civil. Les trois policiers sont condamnés, pour homicide involontaire par défaut de prévoyance et de précaution. D’abord ceux qui se trouvaient dans le véhicule qui avait pris en chasse la moto : le conducteur est condamné à 8 mois d’emprisonnement avec un sursis de moitié, le passager à 5 mois avec un sursis de moitié. Quant au policier qui avait mis son véhicule en travers de la route à la sortie du tunnel Bailli – véhicule que la moto a percuté violemment – il est condamné à 10 mois avec un sursis de moitié.
Des condamnations estimées en demi-teinte par la famille de Sabrina. “Nous somme soulagés que la justice ait été rendue. Cela réaffirme notre confiance dans la justice“, confie la tante de Sabrina à notre micro. “Mais on avoue que nous avons été assez déçus par les peines prononcées qui sont très faibles“.
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“Manque de précaution” de la part des policiers
Dans sa motivation très fournie, la juge a expliqué que le devoir de précaution aurait du prévaloir dans le chef des policiers, même si le refus d’obtempérer de Ouassim était bien un agissement suspect. Selon elle, il aurait fallu tenir compte des circonstances : l’heure tardive, le milieu urbain, la circulation, le fait qu”il y avait une passagère à bord de la moto, la nature même du véhicule plus léger qu’une voiture, et le fait aussi que le propriétaire de la moto avait déjà été identifié. Et la course poursuite n’aurait du s’envisager que si des éléments objectifs la justifiaient.
Du côté du troisième policier, celui qui avait bloqué la route, là encore selon la juge son acte n’est pas justifiable. Il s’agit d’une imprudence grave d’autant qu’il n’avait pas prévenu ses collègues de son geste, et “aurait du prévoir que ce positionnement était de nature à provoquer l’accident tel qu’il s’est produit“.
À noter que les trois policiers étaient absents à l’audience, et que leurs avocats n’ont pas souhaité accorder d’interviews. Concernant le comportement de Ouassim, le conducteur de la moto, la juge a indiqué dans la partie civile du jugement, que son comportement ne pouvait qu’être qualifié d’inconscient, et qu’il était responsable de la sécurité de Sabrina. Cette dernière n’a aucune responsabilité dans l’accident.
Michel Goovaerts, chef de corps de la zone de police Bruxelles CAPITALE Ixelles a réagi à la condamnation. “Devant le tribunal de police, le ministère public a requis l’acquittement. Le tribunal en a décidé autrement. Je réitère ma confiance en nos inspecteurs de police et soutiens tous les collègues qui œuvrent chaque jour pour une société plus sécure. Nous analyserons le présent jugement et envisagerons les démarches à suivre.”
■ Reportage d’Arnaud Bruckner et Charles Carpreau