541 jours sans gouvernement : plus de 500 manifestants près du Parlement bruxellois
Le collectif citoyen Respect Brussels alerte sur les conséquences des 541 jours sans gouvernement régional à Bruxelles et presse les partis de conclure rapidement un accord.
Plus de 500 personnes se sont rassemblées lundi vers 12h00 place Saint-Jean, à proximité du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, pour dénoncer l’impasse politique et exiger la formation rapide d’un gouvernement régional. L’action était organisée par le collectif citoyen Respect Brussels. Les manifestants ont scandé plusieurs slogans, tels que “Au boulot !“, et fait retentir des sifflets à l’adresse des élus, avant d’entamer une marche spontanée jusqu’aux abords de l’assemblée régionale. “La prochaine fois, on occupe le Parlement“, a lancé sur un ton ironique l’un des organisateurs.
La mobilisation intervient alors que Bruxelles égale, lundi, le triste record de 541 jours sans nouveau gouvernement depuis les élections, jusqu’ici détenu par l’État fédéral après le scrutin de 2010.
■ Reportage de Camille Tang Quynh, Yannick Vangansbeek et Manu Carpiaux
Le collectif dénonce une paralysie institutionnelle aux conséquences concrètes pour les citoyens : retards dans les permis d’urbanisme, subsides bloqués, factures impayées et procédures à l’arrêt. “On ne peut pas continuer à vivre dans une attente permanente“, a insisté le porte-parole du collectif, Nicolas Hemeleers.
Plusieurs acteurs issus des milieux culturel et social ont pris la parole. Ils ont exprimé leurs craintes pour l’avenir du tissu associatif et culturel bruxellois, évoquant la possible disparition d’événements emblématiques faute de financements. Des inquiétudes ont également été formulées concernant la situation budgétaire de la Région, la problématique du sans-abrisme et les enjeux de sécurité.
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Présent à la manifestation, le citoyen bruxellois Ben Erseels, membre de la plateforme G1000, a jugé la situation “incompréhensible” et estimé que “la Région risque d’aller droit dans le mur“, évoquant le risque de ne plus pouvoir payer salaires et dépenses publiques dans les prochains mois. Le philosophe et économiste Philippe Van Parijs a, pour sa part, souligné l’urgence de décisions budgétaires. “Il faut une majorité pour la question budgétaire, ce ne sera pas agréable mais il faut décider maintenant, car plus on attend, pire ce sera“, a-t-il déclaré, appelant les responsables politiques à faire des compromis et à rétablir un climat de confiance.
Le collectif rappelle avoir mené plusieurs actions ces derniers mois pour interpeller les élus, dont 89 minutes de silence à la Bourse en mars, un pique-nique citoyen en juin et l’envoi, en septembre, d’une mise en demeure individuelle à chaque parlementaire bruxellois. Respect Brussels réclame désormais l’organisation rapide d’un “conclave bruxellois“, soit des négociations menées “au finish” jusqu’à la formation d’un gouvernement soutenu par les deux groupes linguistiques, comme l’exige la loi. Le collectif plaide aussi pour une trajectoire de réformes institutionnelles afin de rendre Bruxelles “plus gouvernable“.
Des députés présents
Plusieurs députés régionaux se sont rendus sur place pour écouter les revendications. La députée MR Aline Godfrin a estimé qu'”il faut pouvoir entendre le mécontentement et la déception des Bruxellois. Ils ont voté il y a un an et demi et il n’y a toujours pas de gouvernement. Je le déplore aussi“.
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“Comme députée, c’est un devoir de se mettre d’accord. Je vois même plus de points de convergence que de difficultés. Il faut arrêter les jeux politiques et les luttes d’ego“, a-t-elle ajouté. “Battre ce record, ce sont les Bruxellois qui le paient. Il faut trouver des solutions, et vite“, a-t-elle encore déclaré.
Le député Ecolo John Pitseys partage ce constat. “Il est normal de venir écouter ce que les citoyens disent“, a-t-il indiqué, ajoutant que “la situation n’est pas normale“. Il souligne également que “le travail parlementaire et le travail démocratique sont aujourd’hui paralysés par cette situation“. “Après 18 mois, il est temps d’avancer et de passer à autre chose“, a-t-il conclu.
Respect Brussels prévient que cette action constitue un “acte 1” et que d’autres mobilisations suivront si le blocage persiste. Le collectif dit vouloir renforcer le rapport de force citoyen et faire émerger, avec le monde académique et la société civile, des pistes de sortie de crise pour la démocratie bruxelloise dans le cadre d’une convention citoyenne.
Belga – Photo : Belga Image





