3 % des décès en Belgique liés à la consommation d’alcool : une augmentation de 14% en 10 ans
Plus de trois pour cent des décès en Belgique sont liés à la consommation d’alcool, selon les données les plus récentes de Sciensano, l’institut belge de santé.
Il s’agit d’une étude qui démontre pour la première fois que la consommation d’alcool, même à faibles niveaux, est directement associée à une mortalité augmentée. A l’aube de la Tournée Minérale de février, Sciensano a calculé le nombre de personnes qui meurent chaque année en Belgique à cause de la consommation d’alcool.
Les chiffres sont éloquents puisqu’en 2021, plus de 4 000 décès étaient liés à l’alcool, soit environ 3 % de l’ensemble des décès de l’année. “Ces chiffres incluent non seulement les grands buveurs, mais aussi les personnes ayant consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois, que ce soit de manière régulière ou occasionnelle. Depuis 2013, le nombre de décès liés à l’alcool a augmenté de 14 %, passant de 3 500 à 4 000 par an”, explique Sciensano dans un communiqué.
“Il n’y a pas de niveau de consommation d’alcool sans danger pour la santé”, poursuit Sarah Nayani, épidémiologiste chez Sciensano. “En effet, l’alcool est un facteur de risque pour de nombreuses maladies graves, telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et les maladies du foie. En Belgique, les trois principales causes de décès chez les consommateurs d’alcool sont la cirrhose du foie, les troubles liés à l’abus d’alcool et le cancer colorectal. Plus de la moitié des décès dus à la cirrhose du foie sont attribuables à la consommation d’alcool.”
De grandes différences dans la mortalité liée à l’alcool
Via cette étude, Sciensano souhaite sensibiliser à l’impact souvent sous-estimé de la consommation d’alcool sur la santé. Par ailleurs, l’autre enseignement de cette étude concerne les grandes différences dans la mortalité liée à l’alcool. En 2021, environ 70 % des personnes décédées à la suite de la consommation d’alcool étaient des hommes, principalement des suites d’une cirrhose du foie, de troubles liés à la consommation d’alcool et d’un cancer du côlon et du rectum.
Chez les femmes, le cancer du sein est la principale cause de décès liée à la consommation d’alcool, tandis que le cancer du côlon et du rectum est également fréquent, mais en nombre moins élevé.
Les différences régionales sont également frappantes : la Région de Bruxelles-Capitale et la Région wallonne ont des taux de mortalité liés à l’alcool plus élevés que la Région flamande.
Pour lutter contre l’alcool, il faut des mesures nationales et adaptées, selon Sarah Nayani. “L’alcool fait partie intégrante de la vie quotidienne en Belgique, ce qui rend difficile la lutte contre ses effets néfastes”, estime-t-elle. L’épidémiologiste pense qu’il faut “réglementer la disponibilité, la publicité et augmenter l’âge minimum pour acheter de l’alcool”. Problème : “l’industrie de l’alcool freine de telles initiatives”. “Seule une approche coordonnée, permettra de réduire l’impact de l’alcool sur la santé publique”, conclut Sarah Nayani.
Rédaction