120 millions d’euros d’économies prévues par le fédéral dans les soins de santé : “L’offre de soins va diminuer”
Le budget 2023 du gouvernement fédéral révèle que le secteur des soins de santé devra se serrer la ceinture durant les deux prochaines années.
Parmi les mesures prévues au sein du budget fédéral, présenté mardi par le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), le chapitre consacré aux soins de santé est l’un des plus scrutés, après une pandémie qui se prolonge depuis deux ans et une pénurie de personnel qui se confirme au fil des mois. Malgré la sollicitation du personnel des soins de santé ces derniers mois, il se confirme que le secteur devra tout de même faire des économies en 2023 : environ 120 millions, selon les calculs du fédéral.
Selon le quotidien Le Soir, ces économies seront réalisées principalement via le report de certaines politiques de soins et les subventions de fonctionnement des hôpitaux. Les précisions autour de ce budget devraient être révélées après validation auprès du Conseil général de l’Inami, lundi prochain.
Et en 2024, ce seront même 200 millions d’euros qui devront être économisés en raison de la baisse de la norme de croissance (de 2,5% à 2%) prévue dans deux ans. Ce seront alors des économies structurelles qui devront être prévues, se confirme-t-il.
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“Les 2,5% de croissance doivent répondre au vieillissement de la population”
Yves Hellendorff, représentant CNE pour le secteur des soins de santé, se dit à moitié surpris par l’annonce du gouvernement fédéral, explique-t-il dans Le 12h30 de BX1. “Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a déjà dit qu’il ne comptait pas demander de budget supplémentaire pour faire face à la pénurie actuelle de personnel dans les institutions de soin”, ajoute-t-il.
Il s’interroge sur le revirement du fédéral concernant la norme de croissance : “Les 2,5% de croissance sont prévus dans la déclaration gouvernementale. (…) Ces 2,5 % servent exclusivement à prendre en compte les besoins accrus de la société suite au vieillissement de la population. Si on n’atteint pas les 2,5%, on réduit l’offre de soins vis-à-vis de la population. Ces 2,5% ne sont pas une marge de manœuvre pour créer des nouvelles politiques. Il s’agit de couvrir les besoins croissants de la population en matière de santé”, rappelle-t-il.
Yves Hellendorff rappelle que les conditions de travail actuelles dans le secteur font que la pénurie de personnel reste importante : “On n’attire plus les gens. Et ceux qui sont dans cette fonction se sauvent. (…) 1 à 2% du personnel est parti suite au débat sur l’obligation vaccinale. Plein d’autres sont parties durant la pandémie. (…) Iriscare accepte de subventionner des maisons de repos qui ne répondent pas aux normes en matière d’encadrement infirmier, car sinon on ferme ces maisons de repos. Mais on ne trouve plus d’infirmiers et infirmières”.
Selon le représentant CNE, Frank Vandenbroucke “refile la patate chaude au prochain gouvernement”. Il confirme que de nouvelles actions seront prochainement menées : une grève est prévue le 9 novembre, dans le cadre de la campagne interprofessionnelle autour du pouvoir d’achat, et des actions spécifiques au secteur sont prévues en front commun en décembre.
■ Interview par Arnaud Bruckner et Vanessa Lhuillier dans Le 12h30.
Gr.I. – Photo : Belga/Dirk Waem