Démarrage de la saison des festivals : le public reviendra-t-il ?
A l’entame de la saison des festivals, les opérateurs s’interrogent. Le public reviendra-t-il ? Quelles séquelles les deux années de Covid laisseront-elles dans les salles ?
Au Botanique, alors que les Nuits démarrent, Pascale Bertolini, l’attachée de presse, est dans l’expectative : « Au niveau réservation, on est plutôt rassurés mais ce qui s’est vendu le plus facilement ce sont les têtes d’affiche. Pour le reste, on sent une frilosité plus grande du public, surtout pour les soirées découvertes. » Alors ici, on compte beaucoup sur les achats de dernière minute, sur le bouche-à-oreille, l’effet d’entraînement, le beau temps … « Tous ces facteurs peuvent jouer. » Sur 80 concerts, 12 sont actuellement sold-out.
Craintes
Le secteur ne cache pas ses craintes. « Il y a des gens qui ont perdu l’habitude de sortir, on le constate. On sent que ça repart avec les Nuits mais il est encore trop tôt pour se prononcer. Il faudra analyser cela au bilan. »
Méfiant, le public ? On a quand même l’impression que les choses bougent, nous dit Luc Meessen, directeur technique de production sur plusieurs festivals. « On ne fera sans doute pas une excellente année, mais ce sera honorable. »
Et puis il y a des surprises. Balkan Traffic, par exemple, démarre sur les chapeaux de roue, avec des ventes au-delà des attentes, même si elles ont commencé plus tard que d’habitude. Son directeur n’en revient toujours pas : « On est sold-out jeudi et vendredi. », se félicite Nicolas Wieërs, qui prévoit pour cette année une de ses meilleures éditions. Le festival s’étale sur quatre jours, de jeudi à dimanche, avec en clôture un concert gratuit sur la Grand Place. Samedi n’est pas encore rempli mais le directeur est confiant. « On craignait vraiment la reprise, que cela ne décolle pas. Je suis surpris que cela démarre aussi bien, c’est sans doute dû à notre spécificité. »
Mais les situations sont variables, poursuit Luc Meessen : des dates font le plein, d’autres sont à la peine. « On observe quand même un vrai clivage entre ce qui prend et ce qui ne marche pas du tout. » La faute notamment à la suroffre. Avec les reports multiples de spectacles, c’est l’embouteillage : « On se retrouve avec un goulot d’étranglement. Combiné au coût de la vie et au fait que le Covid n’est pas encore fini, cela n’encourage pas à la consommation de concerts. » Et d’attendre 2023 pour un retour à la sérénité et retrouver le public des bonnes années comme 2018-2019.
S.R.