Black Lives Matter : tous les virologues ne condamnent pas la manifestation de dimanche

Si le racisme n’existait pas, 10.000 personnes n’auraient pas dû se rassembler à Bruxelles pour rappeler que nous sommes tous égaux“, a réagi sur Twitter le virologue Emmanuel André, ancien porte-parole du centre de crise dans le cadre de la pandémie de coronavirus.

La plupart de ses collègues ont rappelé la dangerosité d’une telle manifestation en termes épidémiologiques.

Cela aurait été mortel il y a deux mois. Aujourd’hui, nous pouvons nous permettre davantage de choses, mais certainement pas 10.000 personnes. Il y aura certainement des gens malades à la suite de ces événements“, a ainsi déclaré le virologue Marc Van Ranst au Morgen. “Il est également très ennuyeux que je doive encore expliquer qu’un barbecue avec onze personnes dans votre jardin n’est pas autorisé, alors qu’il y avait 10.000 personnes à Bruxelles“, a-t-il ajouté.

C’était un très grand risque. Je regrette que tant de gens se soient rassemblés. Epidémiologiquement, nous ne sommes pas prêts“, a de son côté souligné Erika Vlieghe, la présidente du GEES, le groupe d’experts qui préside au déconfinement du pays.

Emmanuel André, qui vient de démissionner de son rôle de coordinateur du ‘tracing’, nuance quant à lui le propos. “Si le racisme n’existait pas, 10.000 personnes n’auraient pas dû rappeler que nous sommes tous égaux“, a-t-il ainsi tweeté. “A ces personnes, je demande de respecter strictement les gestes barrière pendant 15 jours et de continuer leur combat toute leur vie“, a-t-il souligné.

Quant à l’épidémiologiste Marius Gilbert, s’il admet qu’il y a un risque, “il n’est pas lié qu’à cet événement. Il y a une série d’activités qui reprennent ce lundi”. “De façon plus générale, je pense que tout l’enjeu de ce déconfinement jusqu’à présent n’a jamais été d’être à un risque zéro. On cherche toujours à équilibrer un risque sanitaire avec la reprise d’un certain nombre d’activités“, a-t-il expliqué à la RTBF. “Je pense que l’exercice de valeurs démocratiques fondamentales en fait partie. Il ne faut pas toujours s’emparer d’arguments sanitaires pour en faire des questions politiques“, a-t-il poursuivi.

Le fait d’autoriser ou non une telle manifestation est évidemment une question éminemment politique, plus qu’une question sanitaire. La recommandation d’éviter les grands groupes est toujours en cours. Et le rassemblement de dimanche allait à l’encontre de cela. Mais il faut quand même admettre que du point de vue des valeurs démocratiques, il y avait un événement exceptionnel“, a-t-il conclu.

Belga