Rue de la Loi : comment les listes Destexhe pèsent sur l’élection

Alain Destexhe va-t-il jouer les trouble-fête le 26 mai ? La réponse est probablement oui. La naissance d’un nouveau parti est toujours un stress pour les formations politiques en place.

L’arrivée d’un concurrent supplémentaire élargit l’offre politique : chaque nouvelle proposition faite à l’électeur est une occasion de se détourner du parti pour lequel on votait précédemment. Quand le nouveau venu affiche 25 années de travail parlementaire, une petite notoriété et une grande ambition il-y-a du stress dans l’air.  Surtout quand l’intéressé réussit à déposer des listes tant à Bruxelles qu’en Wallonie.

Le créneau visé par Alain Destexhe, puisque c’est de lui qu’il s’agit,  est celui d’une droite affirmée. Il n’est pas le premier à tenter d’investir ce segment compris entre la droite libérale et l’extrême droite. Tous les nouveaux partis qui s’y essayent ne réussissent  pas de la même manière. On a vu que le parti populaire de Mischaël Modrikaem ne s’était pas réellement imposé malgré une puissance de feu certaine sur les réseaux sociaux et des campagnes de plus en plus agressives. A l’inverse  coté flamand, en 2003 la NVA était un parti microscopique, elle  n’avait qu’un seul élu…   et est devenue moins de  15 ans plus tard le premier parti flamand. C’est le second parcours que l’ancien médecin sans frontière espère copier.

Pour savoir si Alain Destexhe pesera sur les élections du 26 mai le mieux est encore de regarder son score aux dernierse élections. En 2014 candidat aux élections régionales il avait obtenu 6700 voix.  5 ans plus tot en 2009, il était à 7500 voix de préférence. Honorable, mais Est-ce suffisant pour faire son siège ? La réponse est non.

Pour décrocher des élus,  une liste doit  franchir la barre des 5%, c’est le seuil électoral. Cette barre se situe aux alentours des 18 000 voix pour le parlement bruxellois, collège francophone, et aux alentours des 25 000 voix pour l’élection législative à la Chambre. Il faut se rappeler qu’en 2014 le PTB, qui n’est pas une petite formation folklorique, n’y était pas arrivé.  Il n’avait donc envoyé aucun parlementaire à la Chambre dans l’arrondissement de Bruxelles-Capitale et au parlement régional il n’avait atteint le seuil électoral grâce à un groupement de liste avec ProBruxsel (une subtilité  du parlement bruxellois qui permet à des listes de se coaliser pour atteindre ce fameux seuil moyennent une déclaration conjointe). Si on repart du score personnel d’Alain Destexhe en 2014 il faudrait donc le multiplier par  3 pour atteindre le minimum requis pour le parlement Bruxellois et par 4 pour décrocher un siège à la Chambre. Au siège des listes Destexhe (rue de la Loi numéro 26, mais cela n’a rien à voir avec ce blog), on y croit, on affirme que la dynamique de campagne est bonne et que les 5% ne seront pas un problème.

Si on ne se contente pas de ces bonnes paroles et qu’on reste dans l’analyse des chiffres, c’est vrai que si l’on additionne l’ensemble des listes à la droite de la droite en 2014, avec Nation, le Parti Populaire, Debout les Belges, on est pas très loin de ces 5 %. Mieux encore, quand on apprend que les listes de Destexhe et le Parti Populaire ont effectivement signé un accord de groupement de liste : les 5% au Parlement Bruxellois ne devraient pas être un problème.

Pour le siège à la Chambre, si Alain Destexhe emmène avec lui les électeurs qui lui faisait confiance lorsqu’il était au Mouvement Réformateur,  qu’il arrive en plus à coaliser sur son nom des électeurs qui votaient plutôt à l’extrême droite et qu’il attire sur son nom quelques déçus des partis traditionnels, le pari n’est pas hors d’atteinte. Mais le combat est loin d’être gagné d’avance, il pourrait se jouer à quelques centaines de voix. Même  s’il devait être perdu et que les listes Destexhe ne devaient décrocher aucun siège,  ce sont des électeurs qui de toutes façons échapperont aux partis politiques traditionnels. Ce qu’on pourrait appeler, de leur point de vue,  “le pouvoir de nuisance” des listes Destexhe. Et le grand perdant de l’opération sera,  quoiqu’il arrive, le Mouvement Réformateur.