“Bruxelles n’est pas prête face aux conséquences du changement climatique”

Brulocalis, l’association de la Ville et des Communes de Bruxelles, met en garde : la Région bruxelloise n’est pas prête à affronter les impacts du changement climatique qui se profilent. Risques écologiques mais aussi économiques, surmortalité, pression accrue sur les services de secours… Elle invite les autorités à investir des moyens maintenant pour ne pas le payer plus tard et à davantage impliquer les administrations locales dans la transition écologique.

Le 6 novembre dernier, le Centre d’analyse des risques du changement climatique (CERAC), mandaté par le Conseil national de sécurité, a présenté le Belgian Climate Risks Assessment (BCRA),
la première évaluation nationale des risques climatiques à l’échelle d’un pays en Europe. Parmi les conséquences les plus prévisibles pour notre pays : les inondations, les canicules et l’assèchement des sols.

Brulocalis en a tiré les conclusions pour la Région bruxelloise, avec une attention accrue sur les conséquences concrètes pour les communes.

Les habitants les plus vulnérables en première ligne

À Bruxelles, c’est particulièrement l’impact des vagues de chaleur sur la santé qui inquiète les auteurs du rapport. Selon eux, l’effet d’îlot de chaleur urbain pourrait élever la température de la ville jusqu’à dix degrés de plus par rapport à la périphérie, exacerbant les risques dans les quartiers denses et plus défavorisés. Or, ce sont les habitants de ces quartiers qui sont déjà le plus exposés aux logements exigus, à l’isolation insuffisante et à l’absence d’espace vert… autant de facteurs qui favorisent une surmortalité liée à la chaleur. Ce risque entraîne une autre conséquence directe : déjà sous pression, les services de secours risquent de ne pas pouvoir suivre.

Comme BX1 l’a constaté cet été, si des mesures apparaissent pour lutter contre les îlots de chaleur, il n’y a pas encore de stratégie intégrée comme à Paris. Certains lieux, récemment rénovés restent fort minéralisés, à l’instar de la Place de la Bourse. Or, cette verdurisation des espaces publics représente un enjeu crucial, souligne le rapport du CERAC.

Autre risque pointé par le rapport : les risques d’inondation dans les quartiers urbanisés, en raison de l’imperméabilisation des sols. À Bruxelles, ce sont les quartiers le long de la Senne qui sont davantage concernés. À nouveau, il s’agit là de quartiers plus précaires et densément peuplés. “Les dégâts vont au-delà des inondations visibles ; l’infiltration d’eau entraîne la dégradation des matériaux intérieurs tels que l’isolation, le plâtre et le bois non traité. Le séchage lent de l’humidité emprisonnée dans les murs et les sols favorise la croissance de moisissures et peut introduire des contaminants, en particulier lorsque les réseaux d’égouts débordent“, ajoute le rapport. D’où la nécessité d’augmenter les capteurs d’eau naturels et d’améliorer le réseau de drainage des eaux.

Risque pluvial sur 100 ans en Région bruxelloise, les nuances de bleu allant de 0 % (bleu clair) à 100 % (bleu foncé) de la population potentiellement touchée. Source : Bruxelles Environnement Geodata

Un risque pour les finances communales

À côté des risques écologiques, le rapport pointe les risques économiques du changement climatique, en particulier sur les finances des pouvoirs locaux puisque ce sont eux qui, in fine, en supportent une majorité des conséquences : prise en charge des personnes âgées, pression accrue sur les services de secours…

Face à la hausse des catastrophes naturelles, les assureurs belges pourraient bientôt ne plus être en mesure d’indemniser intégralement les dégâts, a mis en garde le directeur général d’Assuralia lors de la présentation du rapport. Faute d’indemnisation de la part des assurances, les regards risquent de se tourner vers les communes. “Dans un contexte où les budgets communaux sont déjà contraints, la perspective d’avoir à combler des manques d’assurance révèle un risque financier considérable pour les citoyens et pour les collectivités elles-mêmes“, met en garde Brulocalis.

Agir au niveau local

Pour l’association, l’ensemble de ces constats renforce l’idée que la résilience climatique doit se déployer à l’échelle locale. C’est pourquoi elle demande que les administrations locales puissent davantage participer aux décisions et contribuer à définir l’agenda national et international. “Les communes sont en première ligne face aux impacts concrets du changement climatique et elles doivent pouvoir compter sur une reconnaissance accrue de leur rôle dans les politiques climatiques, ainsi que sur des moyens humains et financiers renforcés pour anticiper, protéger et accompagner les populations.”

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V.d.T. – Photo : Belga

BX1
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