Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles : “Je comprends la colère et elle est légitime”, dit Elisabeth Degryse
“Je comprends la colère qui s’exprime et elle est légitime”, a dit la ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), Elisabeth Degryse, lundi, en commission de l’assemblée communautaire. Le budget – et les économies qui y sont liées – y sont débattus cette semaine avant d’être soumis au vote des parlementaires en séance plénière.
“Nous sommes conscients que ces efforts sont difficiles à accepter pour les acteurs touchés mais ils sont nécessaires pour rétablir la trajectoire budgétaire”, a-t-elle expliqué en évoquant les 500 millions d’économies nettes décidées lors du conclave budgétaire en septembre dernier. “Nous avons estimé que ce montant représente un équilibre responsable entre la volonté d’assurer la soutenabilité de notre dette et la nécessité de continuer à faire vivre la Fédération aujourd’hui”, a précisé Mme Degryse.
“Je comprends que la colère s’exprime et elle est légitime. La situation budgétaire est réelle mais le vécu de ceux qui sont touchés l’est aussi. Ce n’est pas parce qu’un traitement est nécessaire qu’il n’est pas difficile à supporter”, a-t-elle admis.
Pour autant, “j’assume pleinement les décisions prises parce que ne rien faire aujourd’hui nous conduirait à prendre des décisions encore plus dures d’ici quelques années”, a ajouté la ministre-présidente, en charge également du Budget.
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Cette dernière regrette néanmoins “sincèrement que certaines personnes, et je pense en particulier aux enseignants du secondaire supérieur, se sentent stigmatisées par les mesures proposées. L’intention du gouvernement n’a jamais été de manquer de reconnaissance à un secteur ou à une profession mais d’identifier à qui il semblait possible de demander une contribution supplémentaire sans compromettre les missions de service public allouées à la Fédération”, a insisté Elisabeth Degryse.
“Je le regrette d’autant plus que ceux qui se mobilisent sont souvent les plus investis, ceux qui ne comptent pas leurs heures. J’imagine leur amertume et leur déception. S’ils voient ça comme un manque de reconnaissance de notre part, je leur présente mes excuses et je leur assure que notre objectif commun est la préservation des missions de la Fédération Wallonie-Bruxelles”, a-t-elle encore assuré.
“L’effort est conséquent; nous en sommes conscients. Mais il n’est pas punitif”, a renchéri la ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny. “Je sais que les mesures sont impopulaires mais l’objectif, c’est de réinvestir dans l’école. En évitant de payer des centaines de millions d’euros aux banques pour rembourser nos emprunts, nous pourrons réinvestir dans l’école au bénéfice de nos enfants”, a-t-elle déclaré alors que la commission de l’Éducation du parlement communautaire se penchait elle aussi sur le budget 2026.
Et qui dit budget, dit évidemment chiffres. “Nous arrivons à un solde négatif de 1,6 milliard pour l’année 2026, cela représente encore un déficit gigantesque. Mais nous avons préféré nous concentrer sur le redressement de notre trajectoire plutôt que sur des mesures one shot”, a affirmé à ce propos Elisabeth Degryse.
“Nous assumons donc un déficit supérieur de 120 millions d’euros par rapport à l’initial 2025. Comment dans de telles conditions parler d’austérité? Et comment nier la gravité de la situation?”, s’est-elle interrogée.
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“Ce budget, c’est un récit politique”
Un message qui fait bondir l’opposition. “Ce petit fond de l’air des années ’80, on le sent bien. Depuis un an, la majorité développe le même récit: une FWB au bord du gouffre, contrainte de réduire ses budgets partout. Et revoilà le fameux TINA (there is no alternative) de Margaret Thatcher, qui flotte en permanence dans vos communications”, a ainsi dénoncé le député socialiste Martin Casier.
“Vous êtes la championne de Belgique de l’enfermement du débat politique dans une logique unique: on n’a pas le choix, tout le monde doit prendre sa part. Ce discours, nous le refusons, et même nous le condamnons. Non pas parce que les défis budgétaires seraient inexistants mais parce que vos réponses ne sont pas les seules possibles. Elles ne sont ni les plus justes, ni les plus efficaces. Votre budget 2026 exprime une vision comptable, sans courage politique; il exprime une vision de la société qui ne laisse plus de place ni à l’espoir, ni au débat démocratique”, a-t-il enchaîné.
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Sur les bancs de l’opposition toujours, Ecolo ne dit pas autre chose. “Ce budget, c’est un récit politique, c’est votre choix de société, une société qui est en train de s’effriter face à vos décisions”, a résumé Hajib El Hajjaji. “Sur les aspects purement économiques, oui, la situation est difficile, nous ne le nions pas. Mais ce que nous refusons, c’est votre récit selon lequel il n’y a pas d’alternative. Pour la première fois depuis longtemps, un gouvernement en FWB se présente non pas avec une vision politique mais avec une fatalité comptable. Vous nous dites qu’il faut être responsable mais envers qui? La responsabilité, ce n’est pas appauvrir notre société pour rassurer Moody’s”, a-t-il ironisé.
Culture, associations d’éducation permanente, petite enfance, gratuité scolaire, hausse du minerval dans le supérieur… tous les secteurs sont sous pression “et les gens sont en colère”, a enfin mis en garde la députée PTB Amandine Pavet. “Derrière vos chiffres se cachent des vies que vous brisez. Quant aux enseignants, ce dont ils ont besoin, ce n’est pas d’une ministre qui s’excuse de sa politique anti-sociale – ça leur fait une belle jambe – mais d’une ministre qui ne casse pas leurs emplois et l’école”, a-t-elle affirmé en promettant “de continuer à relayer la colère de la rue au sein de ce parlement”.
Le vote en commission sur le budget 2026 de la Fédération Wallonie-Bruxelles aura lieu mercredi.
Belga





