Les trottinettes partagées bientôt interdites à Bruxelles ? Les bourgmestres planchent sur la question

Face aux fusillades liées au trafic de drogue, les bourgmestres bruxellois cherchent des solutions. Parmi celles-ci, l’interdiction des trottinettes partagées en Région bruxelloise.

C’est l’une des difficultés dans la lutte contre les trafiquants de drogue et les auteurs de fusillade en Région bruxelloise : ceux-ci parviennent trop facilement à échapper aux forces de l’ordre en utilisant des trottinettes partagées, rapides et non immatriculées. Lors du dernier Conseil Régional de Sécurité (CORES) rassemblant les bourgmestres des 19 communes bruxelloises et le ministre-président, le sujet a été à nouveau mis sur la table, notamment par le bourgmestre de Saint-Gilles, Jean Spinette (PS), qui a plaidé pour l’interdiction de ces engins dans certains hotspots. Mais, face aux difficultés de mise en œuvre d’une telle interdiction ciblée, une proposition d’interdiction généralisée – à l’instar de Paris et de Madrid – est désormais sur la table. Cette idée a été poussée par le procureur du Roi de Bruxelles Julien Moinil auprès des bourgmestres.

Le procureur du Roi a alerté sur le fait que la plupart des fusillades sont couvertes par l’anonymat de l’utilisation des trottinettes. Or, n’étant pas habilité à prendre une telle décision en tant qu’autorité judiciaire, il a saisi les autorités politiques pour que nous prenions nos responsabilités“, explique Jean Spinette. Et le procureur du Roi n’est pas le seul. “Depuis de nombreuses années, nous recevons des rapports de police qui nous supplient d’interdire ces trottinettes“, ajoute le bourgmestre.

Lire aussi | Interdire les trottinettes partagées ? L’opérateur Dott met en garde contre une mesure “contre-productive”

“Ce n’est pas une condamnation de la mobilité douce”

Outre l’utilisation faite par les malfaiteurs de ces trottinettes, le bourgmestre pointe aussi les risques en terme de sécurité routière. “En tant que président du conseil d’administration d’un hôpital, je constate tous les dommages causés par ces véhicules : il y a de très nombreux accidents graves comportant des problèmes maxillo-faciaux, des fractures du crâne ou des commotions qui remplissent nos urgences.”

En 2024, 12% des victimes d’accident de la route en Région bruxelloise étaient des usagers de trottinettes électriques, selon les données de l’institut VIAS.

Lire aussi | Forte hausse des accidents de trottinette: deux marques chinoises posent un grave problème de sécurité

“Autour de la table, nous sommes évidemment attachés à la mobilité douce”, précise Jean Spinette. “Il est vrai que nous allons sanctionner des utilisateurs vertueux, mais la sécurité des Bruxellois est une priorité tant pour les accidents que pour l’utilisation de ces trottinettes par des malfaiteurs.” Les vélos partagés – qui permettent moins facilement d’utiliser une mitrailleuse en roulant et de s’enfuir – ne sont d’ailleurs pas dans le viseur des autorités. “Ce n’est pas une condamnation de la mobilité douce. Les vélos électriques sont particulièrement efficients”, ajoute le bourgmestre saint-gillois.

Cette interdiction ne devrait pas s’appliquer aux trottinettes privées qui, à l’appel du procureur du Roi, devraient en revanche se voir appliquer une obligation d’immatriculation. Une compétence fédérale.

Chaque bourgmestre travaille actuellement de son côté à un projet d’arrêté de police avant un arrêté régional qui pourrait être pris par le ministre-président pour uniformiser la règlementation. Contacté, le cabinet de Rudi Vervoort (PS) confirme des discussions au sein du CORES, mais pas de mesure concrète au niveau régional jusqu’à présent.

Lire aussi | Narcotrafic, meurtres, vols : voici les derniers chiffres de la criminalité à Bruxelles

Une “réponse globale et coordonnée”

La députée bruxelloise Sofia Bennani (Les Engagés) a réagi de son côté, affirmant être “heureuse de voir qu’il y a enfin une prise de conscience de l’ampleur du problème. Mais cette mesure arrive tardivement”. Elle plaide pour une “réponse efficace” qui doit “donc être globale et coordonnée”.  “L’interdiction des trottinettes électriques entre 22h et 5h du matin me semble une mesure utile dans les communes les plus touchées par le narcotrafic, comme Anderlecht, Molenbeek, Schaerbeek, Saint-Gilles et Forest. En revanche, il ne faut pas se limiter aux seuls “hotspots”. Les trafics se déplacent rapidement d’un quartier à l’autre.”

Les Engagés plaident en outre pour “des dérogations pour les personnes qui travaillent de nuit et qui utilisent la trottinette pour se rendre sur leur lieu de travail ou rentrer à leur domicile. Il ne faut pas pénaliser les travailleurs qui n’ont pas d’alternative de mobilité. Et si d’autres communes estiment qu’une telle interdiction est pertinente sur leur territoire, il faut leur laisser la liberté d’adopter un arrêté communal en ce sens.”

■ Reportage de Valentine Rolus, Béatrice Broutout et Stéphanie Mira

■ Une interview de Jean Spinette (PS), bourgmestre de Saint-Gilles, au micro de Victor de Thier

BX1
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur nos mentions légales