L’édito de Fabrice Grosfilley : blocage à tous les étages
Blocage à tous les étages, voici comment on pourrait résumer l’état de la maison Belgique ce jeudi matin. Blocage au niveau fédéral, blocage au niveau bruxellois. Notre maison gouvernementale semble tourner en rond. Et même quand on croit qu’on avance, qu’il y a un accord, il faut finalement constater que, quelques mois plus tard, l’accord ne tient plus. Il faut revenir en arrière, le préciser, donc le renégocier. Notre vie politique ressemble à un cercle vicieux où l’on finit toujours par revenir au point de départ.
Commençons par l’Etat/l’étage fédéral. Ce midi, Bart De Wever fera rapport au roi. Ensuite, il devrait s’exprimer devant le Parlement.
Annoncera-t-il sa démission ? Le roi l’acceptera-t-il ? Restera-t-il en poste, au 16 rue de la Loi, en prolongeant les discussions budgétaires au-delà de la date butoir du 6 novembre qu’il avait lui-même fixée ?
Est-ce que ces discussions seront gelées et remises à plus tard ? Toutes ces options sont sur la table.
Au centre de ce blocage, un parti : le Mouvement Réformateur. Il est accusé par ses partenaires de ne pas vouloir faire la moindre concession. Relèvement de la TVA, saut d’index, plus forte taxation des citoyens les plus fortunés : toutes ces pistes sont refusées par le Mouvement Réformateur, qui s’arc-boute sur son programme — « pas de nouvelle taxe » — et milite pour que la solution passe uniquement par une réduction des dépenses de l’État.
« Pas réaliste », lui répondent ses partenaires : on ne taxe pas par plaisir, mais parce que c’est nécessaire. Et même si c’est impopulaire, c’est indispensable si l’on veut pouvoir équilibrer le budget.
Autre étage, autre blocage — mais il n’est peut-être pas si différent. À la Région bruxelloise, on parle aussi budget tout en évoquant la formation d’un nouveau gouvernement. Les deux débats s’imbriquent et se distinguent, se séparent et se retrouvent, au gré des aléas de cette très longue négociation. Là aussi, sans surprise, les remèdes proposés par le MR, mais aussi par l’Open VLD, passent par une réduction maximale des coûts et une augmentation minimale des recettes. Les notes budgétaires déposées par le MR n’ont donc, jusqu’à présent, pas été acceptées par ses partenaires de négociation.
Hier soir, en marge de ces discussions bruxelloises, un petit événement médiatique était organisé par Le Soir au centre culturel Wolubilis, à Woluwe-Saint-Lambert.
Six chefs de file avaient été invités à débattre de ces négociations dans une salle comble. Il y avait là les principaux négociateurs : Ahmed Laaouej, Yvan Verougstraete, Elke Van den Brandt et Frédéric De Gucht.
Pour le MR, c’est Valentine Delwart qui était présente. Elle est désormais officiellement cheffe de délégation du Mouvement Réformateur, puisque Georges-Louis Bouchez occupe la place de formateur.
Et puis, bizarrement, Le Soir avait invité Cieltje Van Achter, de la N-VA. Je dis « bizarrement », puisque la N-VA n’est plus autour de la table — et qu’elle ne l’a presque jamais été, en réalité, vu le veto du Parti socialiste à son encontre.
Cela a donné un débat qui a rapidement tourné autour d’une seule question : faut-il, oui ou non, inviter la N-VA à la table des négociations ?
Ahmed Laaouej a répété son veto.
Cieltje Van Achter a redit son indignation.
Yvan Verougstraete et Elke Van den Brandt ont indiqué qu’ils prenaient acte du veto posé par le Parti socialiste.
Et deux partis ont redit leur souhait d’avoir la N-VA autour de la table : l’Open VLD de Frédéric De Gucht et le MR de Valentine Delwart et Georges-Louis Bouchez.
Nous, naïvement, on pensait que cette question de la N-VA était réglée. Qu’on avait quand même avancé sur ce débat, et que se concentrer sur le budget était une manière de passer à autre chose. On a donc ressenti la désagréable impression d’assister à un débat vieux de 6 mois. À entendre certains négociateurs hier soir, il semble que la question de la N-VA ne soit toujours pas réglée.
S’il y a blocage à tous les étages, on a donc eu ce mercredi soir, le sentiment qu’à l’étage bruxellois, certains négociateurs n’ont toujours pas l’intention — quoiqu’ils en disent — de sortir de l’impasse.





