La réduction du service Taxibus pénalise déjà des personnes en situation de handicap
Jean-Paul Marchand arrive au centre de jour Le Tournesol, à Berchem-Sainte-Agathe, en taxibus.
Deux à trois jours par semaine, il y trouve la chaleur, l’aide, le plaisir de la vie sociale dont il a tant besoin depuis qu’il vit seul.
Pour certains bénéficiaires, le centre est plus qu’un lieu de rencontre : “S’ils ne viennent pas au centre, ils sont seuls à domicile et donc venir ici apporte aussi une sécurité, un stimulant au niveau cognitif, même juste être avec des gens au niveau social leur apporte énormément”, explique Zoé Magniez, responsable du centre.
Comme Jean-Paul, la plupart des bénéficiaires utilisent le taxi-bus de la STIB, qui assure des trajets à prix accessibles pour les personnes à mobilité réduite. Mais depuis cet été l’offre est plafonnée. Les réservations sont prises d’assaut et doivent désormais s’effectuer deux semaines à l’avance.
“J’ai essayé de réserver pour Jean-Paul pour le 23 octobre à 9h mais il y a déjà plus de place alors que c’est dans deux semaines. Et ça, ça arrive très souvent”, ajoute Zoé Magniez.
Cette restriction entraîne une baisse de fréquentation : au mois d’août, le centre a comptabilisé 38 absences liées à la réforme du système de taxi-bus. “Leur qualité au niveau de leur santé peut se dégrader davantage. On a des personnes qui actuellement ont eu de gros soucis avec des dépressions suite au fait de rester à la maison pendant de larges périodes de temps”, alerte la responsable.
Consciente du problème, la STIB rappelle que le service fonctionnait dans une enveloppe fermée et que, face à une demande grandissante, elle n’avait pas d’autre choix que de limiter l’offre.
Une commission de réflexion a été mise en place avec les associations concernées pour tenter de répondre aux difficultés, notamment sur le système de réservation 15 jours à l’avance. “On essaye de voir avec les associations ce qu’elles préfèrent là-dedans, dans ce mal-être, mais aussi de rapprocher le temps de réservation par internet de celui par téléphone. Ce qui est aussi une demande associative que nous avons entendue et que nous analysons pour la mettre en œuvre très probablement dans les prochains jours », précise Christian de Strycker, responsable accessibilité à la STIB.
Le centre Les Tournesoles cherche également à compenser la réduction du taxi-bus avec la Bernavette, service de navette proposé par le CPAS. Cependant, la solution reste partielle face à la demande croissante et à l’isolement des bénéficiaires.
■ Reportage de Sabine Ringelheim, Béatrice Broutout et Laurence Paciarelli





