Réintroduction de cours à options en 3e secondaire: MR et Engagés s’accordent sur le tronc commun revisité
La majorité MR-Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles s’est accordée mardi sur les grandes lignes de l’implémentation du tronc commun dans les trois années du secondaire inférieur, avec notamment la réintroduction de cours à options en 3e secondaire.
Attendu avec impatience depuis des mois par les acteurs de l’enseignement, cet accord revoit l’organisation du nouveau tronc telle que prévue par les acteurs du Pacte d’excellence en renforçant la dimension orientante du secondaire inférieur, comme prévu dans l’accord de majorité MR-Engagés bouclé à l’été 2024.
Attendu avec impatience depuis des mois par les acteurs de l’enseignement, cet accord revoit l’organisation du nouveau tronc commun telle que prévue en 2017 par les acteurs du Pacte pour un enseignement d’excellence. Dès son arrivée au pouvoir à l’été 2024, la majorité MR-Engagés avait annoncé vouloir adapter le projet afin de renforcer les activités orientantes dans le secondaire inférieur. Les changements les plus importants concernent la 3e secondaire, dernière année du tronc commun. MR et Engagés sont convenus d’y rétablir des cours à options à hauteur de 8 périodes hebdomadaires.
Les élèves devront choisir deux options distinctes, à raison de 4 périodes par semaine chacune. Ces options pourront relever, selon les choix posés par les élèves, soit de la voie de transition, soit de la voie qualifiante, soit d’une voie dite “polyvalente” combinant 4 périodes de transition et 4 périodes de qualifiant. Chaque école secondaire devra garantir l’accès à au moins deux de ces voies.
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Les élèves de 3e secondaire devront par ailleurs effectuer un stage de trois jours afin de découvrir concrètement un environnement d’étude ou de travail. Elément important: quelles que soient les activités orientantes qu’il aura choisies en 3e secondaire, l’élève ne sera pas limité dans ses choix de filière pour sa 4e année secondaire. Il pourra donc poursuivre une filière de transition même s’il a choisi des options qualifiantes en 3e. L’élève devra toutefois présenter en fin de 3e une défense orale de son projet d’orientation pour la 4e devant un jury. La fin de la 3e année du secondaire sera marquée par l’organisation d’une épreuve certificative externe baptisée CESI, pour Certificat d’enseignement secondaire inférieur. L’accord politique trouvé entre MR et Engagés apporte aussi quelques changements -plus mineurs- à l’organisation du tronc commun en 1ère ainsi qu’en 2e année secondaire. Le numérique trouvera ainsi une place plus importante dans les apprentissages dès la 1ère secondaire, avec deux périodes consacrées à cette matière (outils digitaux, logique informatique, culture numérique).
Une période sera dévolue à la formation manuelle, technique et technologique (FMTT). Deux journées de découvertes devront par ailleurs être organisées durant les jours blancs. Le gouvernement entend aussi intégrer directement dans l’horaire de la 1ère secondaire l’accompagnement des élèves en difficultés. Deux dispositifs sont prévus à cet effet: un accompagnement personnalisé et un accompagnement renforcé. Destiné à tous les élèves, l’accompagnement personnalisé consistera, comme c’est déjà le cas en primaire où le tronc commun est déjà en vigueur, à renforcer l’encadrement pédagogique pendant deux périodes par semaine pour offrir des remédiations aux élèves en difficultés. Les moyens auparavant dédiés à la première année différenciée (destinée aux élèves ayant raté leur CEB, ndlr) seront spécifiquement consacrés à un accompagnement renforcé destiné aux élèves rencontrant des difficultés persistantes. L’organisation de la 2e année du secondaire verra, elle, l’amorce d’activités orientantes plus concrètes, avec l’équivalent de 8 demi-jours par an (soit 32 périodes) qui devront être dédiés à des stages, des conférences, des visites d’entreprises, des ateliers animés par des professionnels ou projets collectifs en classe. Deux journées supplémentaires d’orientation sont également prévues pendant les jours blancs. La grille-horaire de 2e secondaire est aussi adaptée pour y consolider les apprentissages fondamentaux, mais aussi les compétences numériques. Ainsi, le cours de mathématiques sera augmenté d’une période hebdomadaire (soit 5 périodes par semaine au total). Il en sera de même pour le cours de langue moderne (4 périodes par semaine).
Parallèlement, la grille intégrera deux périodes de formation numérique ainsi qu’une période de FMTT pour développer la maîtrise des outils technologiques. Au printemps dernier, la ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) avait exprimé ses doutes sur l’allongement du tronc commun, redoutant notamment l’impact social de la fin programmée des cours à option en 3e secondaire. Quelque 1.400 équivalents temps-plein (ETP) étaient, selon elle, menacés. Le rétablissement d’activités orientantes en 3e secondaire permettra de “réduire fortement l’impact pour les enseignants du qualifiant”, selon le gouvernement. Un travail sera également mené afin d’assurer la réaffectation des enseignants en perte de charge. Suspendues en septembre dans l’attente des choix du gouvernement, les formations destinées aux enseignants et directeurs d’écoles pour appliquer cette nouvelle organisation des cours seront assurées dès le mois de janvier prochain. Le projet de décret organisant la 1ère secondaire devrait être adopté en décembre prochain en première lecture par le gouvernement. Celui portant sur la 2e et 3e année du secondaire pour mars 2026. L’accord trouvé entre partenaires de gouvernement sera soumis sous peu aux acteurs de l’enseignement (syndicats, pouvoirs organisateurs, associations de parents,…).
Ecolo dénonce le “sabotage” du Pacte d’excellence par la majorité MR-Engagés
L’opposition écologiste en Fédération Wallonie-Bruxelles a dénoncé mardi les adaptations apportées par le gouvernement à l’organisation du tronc commun dans le secondaire inférieur. Un tronc commun désormais “dénaturé et bricolé”, selon les Verts
“Aujourd’hui, le gouvernement MR-Engagés a définitivement enterré la lutte contre les inégalités scolaires. Une nouvelle fois, les Engagés se sont assis sur leurs promesses pré-électorales”, fustigent-ils dans un communiqué. Le Pacte d’excellence bouclé en 2017 par les acteurs de l’enseignement prévoyait d’allonger le tronc commun de la deuxième jusqu’en fin de troisième secondaire afin d’offrir un continuum pédagogique à tous les élèves jusque 15 ans.
Le gouvernement MR-Engagés a toutefois décidé de modifier les choses en réintroduisant huit périodes de cours à option par semaine dans la grille-horaire des troisièmes secondaires. “Ce nouveau recul s’effectue au mépris du travail mené par l’ensemble des actrices et des acteurs de l’enseignement depuis près de dix ans. Au mépris du travail des enseignantes et des enseignants qui ont préparé courageusement l’arrivée de cette réforme sur le terrain. Au mépris des travaux scientifiques qui prouvent l’efficacité de ce tronc commun allongé pour améliorer le système éducatif et lutter contre les inégalités. Au mépris même des tout récents travaux du Comité d’experts qui rappelaient qu’il fallait poursuivre la mise en place du tronc commun jusqu’en troisième car cette réforme générera des économies”, souligne Ecolo.
Pour les Verts, le tronc commun tel qu’imaginé lors du Pacte était un “levier essentiel pour lutter contre les inégalités scolaires et élever le niveau de tous les élèves”, permettant d’“éviter une orientation précoce qui enferme les jeunes dans une filière et des parcours d’exclusion”.
La CGSP-Enseignement dénonce une décision qui va “renforcer la dualité de l’école”
La CGSP-Enseignement a rejeté mardi les adaptations au tronc commun annoncées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
“Nous constatons qu’une fois de plus, ce gouvernement fait le choix de renforcer la dualité de l’école, de favoriser l’orientation précoce des plus faibles, c’est-à-dire des plus défavorisés”, a réagi le syndicat socialiste. Les organisations syndicales sont conviées ce mardi au cabinet de la ministre Glatigny pour se faire détailler les décisions, mais la CGSP a répondu ne pas vouloir y assister vu l’absence de concertation préalable de la ministre. Pour le syndicat socialiste, la vision du gouvernement MR-Engagés pour l’enseignement est celle d’une école qui “relègue, sélectionne et exclut les moins chanceux”. “L’école est une chance pour la société. Elle mérite mieux que ce gouvernement”, conclut le syndicat socialiste.
Une réforme déconnectée, contraire aux besoins des élèves et qui va plomber le déficit- PS
Le MR et les Engagés ont accouché d’une réforme déconnectée, contraire aux besoins des élèves et qui va plomber le déficit, a prédit mardi le PS, à propos de l’adaptation du tronc commun sur laquelle les deux partis du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont mis d’accord.
“Au terme d’un lamentable feuilleton politique qui dure depuis plus d’un an, les Engagés ont abandonné leurs promesses d’une refonte de l’enseignement et validé la volonté du MR d’arrêter le tronc commun en deuxième secondaire. Ce revirement rompt avec une vision commune et développée pendant près de dix ans, sans relâche, avec l’ensemble des acteurs de l’école. Il va renforcer le chaos et prolonger l’incertitude déplorés par le terrain depuis des mois, au-delà de ses effets négatifs à court, moyen et long terme pour les élèves”, a critiqué le PS. Selon lui, “depuis leur tour d’ivoire, en s’asseyant sur les demandes des fédérations de pouvoirs organisateurs, des fédérations d’associations de parents, des représentants des directions et de la plupart des organisations syndicales, Elisabeth Degryse et Valérie Glatigny ont décidé de sacrifier le travail accompli dans le cadre de la réforme du parcours d’apprentissage des élèves de la première maternelle à la troisième secondaire initiée par Joëlle Milquet (Les Engagés) en 2017 et couchée sur le papier décrétal par Marie-Martine Schyns en 2019. Pour le PS, la réintroduction dans la troisième année d’études d’options correspondant à des filières générales, qualifiantes ou techniques est un “retour en arrière déplorable”, “en contradiction avec les constats des acteurs de l’enseignement, fondés sur des études scientifiques et des comparaisons avec des modèles étrangers qui ont démontré l’intérêt d’un parcours commun plus long et polytechnique”, … “au profit d’un projet politique basé sur le ressenti et l’émotion”.
Le Parti socialiste soutient qu’il aurait pu souscrire à un scénario donnant aux écoles la possibilité de faire quelques aménagements aux grilles horaires en troisième secondaire, si elles permettaient de renforcer les objectifs d’amélioration du niveau de l’enseignement. Mais “plus d’un tiers de la grille horaire sera totalement à la carte; on en revient à des filières spécialisées, rebaptisées pudiquement “voies”, qui concrètement permettront d’orienter certains élèves en fin de deuxième vers des options considérées comme de relégation. D’autre part, plusieurs choix effectués et le calendrier communiqué sont “totalement irréalistes et vont créer un chaos complet pour les équipes éducatives et les directions. Enfin, la réintroduction des options en troisième secondaire coûtera jusqu’à 60 millions d’euros par an à la Fédération Wallonie-Bruxelles alors que la ministre-présidente ne cesse de dire que des économies doivent être effectuées dans tous les secteurs”, juge le groupe PS du Parlement de la Fédération.
Belga





