Molenbeek : associations et habitants s’opposent à la tour de 49 mètres porte de Ninove
Large désapprobation mardi après-midi lors de la commission de concertation consacrée au projet immobilier Porte de Ninove.
Porté par les promoteurs Alides et Ion, le dossier prévoit une tour de 49 mètres, 105 logements, 133 kots étudiants et près de 2.000 m² d’équipements collectifs. Associations, riverains et autorités communales ont, à de rares exceptions près, exprimé leur opposition, jugeant le projet trop dense et inadapté au site.
Selon l’échevine de l’Urbanisme Josiane Dostie (PTB), la commune a reçu 130 réactions durant l’enquête publique, “en majorité très critiques”. Elle a salué “un signe de bonne santé démocratique” mais a dénoncé “l’absence de garanties pour le logement social”, une part trop faible de grands appartements, une densité excessive, des espaces verts insuffisants et un risque de mobilité saturée avec seulement 89 places de parking. Elle a aussi rappelé que Molenbeek “n’a jamais demandé de logements étudiants”, pointant leur éloignement des campus et leur coût incertain.
Face à ces critiques, le promoteur a longuement défendu un projet présenté comme structurant et équilibré. Son conseil a souligné que l’ensemble “s’inscrit dans le renouvellement urbain déjà visible le long du canal et ailleurs à Bruxelles”, en cohérence avec de nouveaux immeubles résidentiels récents. Il met en avant un positionnement approprié de logements résidentiels, sociaux et étudiants, comprenant aussi des logements familiaux confortables dotés de balcons et de terrasses et des espaces extérieurs collectifs.
Pour Alides et Ion, le projet répond à la demande de logements variés dans la capitale et valorise un terrain constructible “depuis des décennies”, tout en offrant des infrastructures collectives destinées au quartier. Les associations sont toutefois restées inflexibles. Inter-Environnement Bruxelles a dénoncé une surdensification d’un quartier déjà parmi les plus peuplés d’Europe, estimant que les immeubles formeraient une barrière entre Molenbeek, Anderlecht et la Ville de Bruxelles.
L’Arau a plaidé pour “ne pas construire” et préserver l’intérêt général, soulignant que le site, déjà identifié dans le Plan canal, devrait rester un espace ouvert. Bruxelles Nature a mis en avant une atteinte à la biodiversité et rappelé que l’Ordonnance Nature interdit de détruire des habitats d’espèces protégées. Natagora a insisté sur la présence d’une zone humide importante pour le maillage vert et bleu, dénonçant un taux d’imperméabilisation avoisinant 99% et le risque d’inondation lié à la nappe phréatique. La Rue a alerté sur la gentrification, l’argument démographique dépassé et le caractère spéculatif des kots étudiants, citant des projections de population en baisse et une hausse continue des loyers. Un seul riverain s’est exprimé en faveur du chantier. Le conseil juridique du promoteur a conclu qu‘”un habitant préférera toujours un parc à un bâtiment”, mais que la parcelle reste constructible depuis des décennies. La décision de la commission est attendue le 14 octobre
Belga