Uccle: des taux de PFAS jusqu’à 530 fois supérieurs aux normes détectés sur l’ancien site Sicli
Des analyses montrent des concentrations de PFAS jusqu’à 530 fois supérieures aux normes sur l’ancien site Sicli à Uccle, avec des mesures de dépollution en préparation.
Bruxelles Environnement a présenté jeudi, lors d’une séance d’information organisée à l’administration communale d’Uccle, les premiers résultats des analyses menées sur et autour de l’ancien site de l’entreprise Sicli, ancien fabricant d’extincteurs et de matériel de lutte contre les incendies. Les mesures révèlent des concentrations de PFAS allant de 1,4 à 530 fois la norme d’intervention. La mesure la plus élevée concerne de l’eau souterraine qui, non ingérée, ne présente aucun danger, selon un représentant de la Région.
“Ces premiers chiffres confirment la gravité du risque de pollution, mais l’étude détaillée n’est pas terminée“, a précisé Bruxelles Environnement. Cette dernière devrait être publiée début 2026.
Les recommandations des autorités
L’organisme régional poursuit ses échanges avec le propriétaire afin de planifier l’évacuation de deux parcelles, d’affiner l’étude du sol et de programmer des travaux d’urgence ainsi qu’une dépollution complète “au plus vite“. Un procès-verbal d’infraction a déjà été transmis au ministère public à l’encontre des curateurs, qui n’avaient pas poursuivi les analyses après la faillite de l’entreprise.
Une troisième séance d’information sera organisée début 2026, à l’issue de l’étude détaillée. Une première séance s’était déjà tenue le 2 juillet. Dans l’attente des conclusions complètes, les autorités continuent de recommander de ne pas utiliser l’eau de puits ni de consommer les fruits, légumes, œufs ou petits animaux d’élevage issus des jardins situés dans le périmètre de précaution de 100 mètres autour du site Sicli.
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Dans la salle, une vingtaine de voisins du site ont pris connaissance des chiffres avec inquiétude. Beaucoup ont interrogé Bruxelles Environnement sur les risques sanitaires et les coûts liés aux analyses complémentaires. Les représentants régionaux ont rappelé que, sur la base des données actuelles, le risque immédiat pour la santé est jugé “raisonnablement exclu“, mais que seule l’étude détaillée permettra de trancher.
Les riverains qui décideraient de vendre leur bien pourront solliciter les primes régionales de dépollution, allant jusqu’à 108.000 euros pour un particulier, afin de financer analyses et travaux. Une fois les parcelles inscrites à l’inventaire officiel des sols, les obligations d’étude et d’assainissement pèseront sur chaque propriétaire privé.
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Pour la commune, l’échevine de l’Environnement Maëlle De Brouwer (Ecolo) a déclaré : “Nous faisons analyser la situation par notre service juridique. Nous attendrons l’étude détaillée pour nous positionner, mais nous avons la volonté de rester en appui des habitants, y compris sur le plan juridique“.
Présent également, José Lefever, premier échevin de Drogenbos, a demandé si les habitants de sa commune voisine devaient adopter les mêmes précautions que celles préconisées à Uccle. Ce à quoi, Bruxelles Environnement a répondu par la négative, “avec les informations en notre possession aujourd’hui“.
Des signaux “extrêmement contradictoires”
Des représentants de l’ASBL We Are Nature ont enfin exprimé leur scepticisme. Selon eux, les signaux sont “extrêmement contradictoires” : “En 2023, des mesures parlaient de concentrations 1.000 fois supérieures à la norme. Aujourd’hui, on nous dit que ça irait mieux“. L’association regrette que les œufs de poules n’aient pas été analysés, “alors qu’ils concentrent souvent le plus de PFAS“, et estime indispensable d’obtenir la liste complète des produits utilisés par Sicli depuis des décennies. Elle est occupée à constituer un dossier judiciaire auquel les riverains, voire la commune, pourraient s’associer pour demander à un juge d’instruction d’ordonner des devoirs d’enquête.
Bruxelles Environnement indique que le taux de PFAS est autour de 1000 fois supérieur aux normes à l’intérieur du site et 530 fois supérieur à certains endroits à l’extérieur.
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La pollution du sol et des eaux souterraines a été détectée sur le site de ce fabricant d’extincteurs, à l’occasion d’une “reconnaissance de l’état du sol” (RES) dans le cadre d’une procédure de renouvellement de permis d’environnement.
Souvent appelés “polluants éternels“, les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont une vaste famille de milliers de composés chimiques synthétiques aux propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes à la chaleur, mais ils sont extrêmement persistants dans l’environnement.
Belga – Photo : Caravaggio
■ Reportage de Rémy Rucquoi et Charles Carpreau





