Le nouveau “plan grandes villes” divise: “Il faut une police et une justice efficaces, pas des militaires dans les rues”

Le “plan grandes villes” de Bernard Quintin, salué pour certaines mesures, divise sur le déploiement de l’armée et le manque de moyens judiciaires.

Les quarante comités de quartier bruxellois se sont dits samedi partagés concernant le “plan grandes villes” du ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR). S’ils saluent certaines mesures, de nombreuses questions restent en suspens, selon eux.

Le ministre de l’Intérieur a notamment évoqué son souhait de déployer l’armée pour patrouiller aux côtés de la police à proximité des “hotspots” bruxellois, une série de lieux où l’activité des criminels actifs dans le milieu de la drogue est particulièrement importante. Il s’agit entre autres des quartiers autour de Clémenceau et du Peterbos à Anderlecht, de la gare du Nord, du parc Bonnevie à Molenbeek et de Matongé, près de l’avenue de la Toison d’Or.

Bernard Quintin aurait obtenu l’accord de son collègue ministre de la Défense Theo Francken pour le déploiement de militaires. Il souhaite également débloquer vingt millions d’euros supplémentaires pour l’installation de caméras dans les rues.

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Les comités de quartier bruxellois, qui réclament depuis longtemps des mesures de la part des gouvernements fédéral et régional, se réjouissent que des mesures soient prises. Le fait que “le gouvernement fédéral reconnaisse sa responsabilité dans cette grave crise” constitue notamment un pas en avant important, selon Eric Vandezande, représentant des quarante associations de quartier bruxelloises. Il trouve également positif que le plan se concentre principalement sur les grandes villes. “Le problème de la drogue dépasse en effet les frontières de Bruxelles.” Le projet d’investissement dans des caméras est également salué.

Des doutes subsistent toutefois quant à la présence de l’armée dans les rues. “Que peuvent faire concrètement ces soldats à Bruxelles?“, s’interroge M. Vandezande. “Un déploiement accéléré des agents de quartier n’aurait-il pas plus d’effet?

Enfin, l’accord ne mentionne aucun moyen supplémentaire pour le parquet de Bruxelles. “Où sont les dix millions demandés par le procureur Moinil?“, s’interrogent encore les comités de quartier.

Frederic De Gucht (Open VLD) pas favorable aux militaires dans la rue

Frederic De Gucht, candidat à la présidence de l’Open VLD et figure de proue bruxelloise du parti, n’est pas favorable à la présence de militaires dans les rues. “Pour assurer la sécurité intérieure, il faut une police et une justice efficaces. Pas des militaires dans les rues“, a-t-il écrit sur X.

M. De Gucht a suggéré de commencer par octroyer les 10 millions d’euros que le procureur du Roi de Bruxelles, Julien Moinil, a demandés il y a quelque temps pour lutter contre l’insécurité dans la capitale. “Cela ne nécessite pas de cadre juridique“, a rappelé M. De Gucht sur le réseau social.

“La police doit être responsable de la sécurité, pas l’armée”, selon Groen

C’est la police qui doit être responsable de la sécurité dans l’espace public, pas l’armée“, a réagi samedi le député Matti Vandemaele (Groen). “Au lieu d’utiliser l’armée pour des propositions médiatiques spectaculaires, il devrait assumer ses responsabilités et veiller au bon fonctionnement de la police“, a lancé M. Vandemaele.

Selon le député Groen, cette mesure pourrait être contre-productive pour la Défense. “L’une des priorités de la Défense est actuellement de recruter de nouveaux soldats et de les fidéliser. Utiliser l’armée comme des agents de sécurité bon marché ne rendra pas ce métier plus populaire“, a-t-il assuré. Le ministre de la Défense, Theo Francken, a néanmoins marqué son accord avec le plan de son confrère de l’Intérieur

Groen s’interroge également sur le caractère temporaire du déploiement des militaires dans les rues. “La dernière fois que les soldats ont dû effectuer des missions de sécurité ‘temporaires’ dans les rues des grandes villes belges, ils y sont restés six ans“, a rappelé M. Vandemaele.

“Un constat d’échec et un aveu d’impuissance”, pour le PS

Le déploiement de militaires en rue pour faire face au trafic de drogue “constitue un constat d’échec et un aveu d’impuissance“, réagit samedi le député PS Ridouane Chahid dans un communiqué. “Loin de renforcer la sécurité, la mesure traduit le désaveu de nos forces de police et de sécurité intérieure“, estime-t-il.

En choisissant de militariser l’espace public, le gouvernement détourne le regard du véritable enjeu: doter nos services de police des moyens humains, matériels et institutionnels nécessaires pour exercer pleinement leurs fonctions“, tacle le député socialiste. “C’est également envoyer un signal dangereux à la population, en banalisant la présence de l’armée dans la vie civile et en instaurant un climat de méfiance et de crainte.

Belga – Photo : Belga Image

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