L’UCM veut replacer le bien-être au cœur de l’entrepreneuriat
Difficile de lever le pied quand on est indépendant.
Les journées sont longues, les heures rarement comptées, et la frontière entre vie professionnelle et vie privée souvent floue. Pourtant, lorsque le burn-out survient, il peut mettre en péril non seulement la santé de l’entrepreneur, mais aussi celle de son entreprise.
Face à ce constat, l’Union des Classes Moyennes (UCM) a lancé il y a un an le programme “J’entreprends mon bien-être”. Pour en parler, Renault Francart, expert bien-être à l’UCM, était l’invité du 12h30 de BX1.
“Ce chiffre nous étonne positivement”, déclare-t-il en évoquant les 10.000 indépendants qui ont déjà suivi le programme. “Parler de bien-être n’est pas toujours facile pour un indépendant. Ce n’est pas dans la culture entrepreneuriale, et il y a encore beaucoup de tabous autour du burnout.”
En Belgique, l’UCM compte environ 130.000 affiliés indépendants. “Il en reste donc 120.000 à convaincre de participer à des ateliers, des conférences ou d’utiliser notre application”, souligne Renault Francart.
La crise du Covid-19 a mis en lumière les vulnérabilités psychologiques des travailleurs, y compris des indépendants. “Après la pandémie, beaucoup ont perdu le lien avec leurs clients, la satisfaction de mener à bien leurs projets a disparu, mais le stress, lui, est resté”, analyse l’expert. “Ils se sont retrouvés mentalement dans des situations très difficiles.”
Pour Renault Francart, deux freins majeurs subsistent : le déni et la peur de perdre en crédibilité. “Un entrepreneur qui admet ses faiblesses peut être perçu comme moins viable par ses partenaires ou son équipe. Cela rend le sujet encore plus délicat.”
Le programme “J’entreprends mon bien-être” repose sur plusieurs piliers. Le premier est l’accès à une application, Evoluno, qui propose des modules thématiques, loin de se limiter à la simple méditation. “Ce n’est pas juste du ‘Petit Bambou’. On aborde différentes dimensions du bien-être mental”, précise-t-il.
Un second outil phare est le scan de balance. “Chaque mois, l’indépendant peut identifier ses sources de stress et ses satisfactions, puis voir si l’équilibre global est positif ou non. Si le déséquilibre est trop important, cela peut indiquer un risque de burnout.”
En cas de déséquilibre, un accompagnement est proposé : “On est mis en contact avec une unité psychosociale. Cela permet un accès rapide à un psychologue, même pour les non-affiliés à l’UCM.”
Enfin, des ateliers, webinaires et conférences complètent le dispositif. Les thématiques vont de la qualité du sommeil, gestion du perfectionnisme, équilibre vie pro/perso, activité physique, priorisation… “Quand on travaille 11 ou 12 heures par jour et qu’on dort mal, ça vaut la peine de consacrer deux heures à une conférence sur le sommeil. Cela peut vraiment améliorer la lucidité du lendemain”, insiste Francart.
Face à l’engouement et à la nécessité, l’UCM ne compte pas s’arrêter là. “L’idée est non seulement de poursuivre les ateliers, mais d’en proposer davantage. L’objectif, c’est vraiment la prévention primaire : construire une base solide pour rester robuste quand les pressions augmentent.”
Au-delà de la prévention, un soutien financier pour ceux en difficulté est également envisagé. “Il faut réfléchir à aider aussi les indépendants qui, une fois en crise, doivent mettre en place un programme de sortie”, conclut-il.





