L’édito de Fabrice Grosfilley : économies régionales

Dans son édito de ce jeudi 12 juin 2025, Fabrice Grosfilley revient sur la passe d’armes du bureau du Parlement bruxellois.

Le Parlement bruxellois est-il prêt, lui aussi, à faire des économies ? Et si oui, comment va-t-il s’y prendre ? Derrière ces deux questions, une petite passe d’armes qui s’est déroulée à huis clos, hier, au sein du bureau du Parlement bruxellois, mais que Le Soir et La Libre rapportent dans leurs éditions de ce matin.

Que le Parlement bruxellois doive, lui aussi, faire des économies, a priori, tout le monde est d’accord. On ne comprendrait pas que, dans une région aussi endettée, alors qu’on fonctionne en douzièmes provisoires et que des associations sont contraintes de diminuer le volume de services rendus à la population – en particulier aux plus précaires – les élus ne regardent pas aussi dans leur propre budget quelles sont les économies possibles.

Hier, le bureau du Parlement, l’instance qui réunit les chefs de groupe et qui assure la gestion de l’institution, a donc adopté une note de principe en ce sens. Objectif : réduire de 10 % les frais de fonctionnement d’ici la fin de la législature. Cela se traduirait notamment par une réduction du salaire des députés. Il faut savoir que ceux-ci gagnent 9 500 euros bruts et que leur rémunération est légèrement supérieure à celle des députés fédéraux. On leur appliquerait donc une réduction de 5 %. Le modèle des indemnités de sortie serait également ramené à un an, au lieu de deux, comme cela a été décidé à la Chambre. A priori, ces économies-là feraient consensus. Et si ce n’est pas le cas, on notera que personne n’ose dire publiquement qu’il est contre.

Plus compliquée, en revanche, la réduction de voilure qui serait imposée au personnel de l’assemblée régionale. Là aussi, on parle de réduire les salaires pour les aligner sur ce qui se pratique au fédéral. La note prévoit aussi de regrouper les services qui dépendent aujourd’hui soit du Parlement régional, soit de la Cocof (l’assemblée des francophones), soit de la VGC (la commission communautaire flamande), qui sont juridiquement parlant des entités distinctes. Ce principe pourrait se traduire par une réduction du nombre de collaborateurs, qui passerait de 150 à une centaine d’équivalents temps plein. Quarante à cinquante emplois en moins : cela a fait grincer des dents. Les uns ont demandé de prendre le temps de l’analyse, les autres ont estimé qu’il fallait avancer. La réunion du bureau s’est donc terminée sur un clash. Le PTB et le PS ont quitté la séance. Au final, la note d’intention a été adoptée par une majorité qui penche à droite : MR, Les Engagés, Open VLD et Groen. PS, PTB et Team Fouad Ahidar ont voté contre, et Écolo s’est abstenu.

Derrière cet épisode, un bras de fer politique, bien sûr. Les partis de gauche accusent la droite d’avoir voulu faire un coup de com en imposant un texte qui n’est pas mûr. La droite reproche à la gauche de manquer de volonté et de faire traîner les choses. On le répète : on ne comprendrait pas que les parlementaires bruxellois ne réduisent pas leur train de vie, qu’ils n’alignent pas leur salaire sur celui de leurs collègues du fédéral. C’est un minimum qu’on est en droit d’attendre de nos représentants quand les finances sont en si mauvais état. Pas parce que cela permettra de résoudre les déficits – ces quelques millions d’euros d’économies sur les salaires des députés sont une goutte d’eau à l’échelle de la Région –, mais parce que c’est symbolique, et que les élus ne peuvent moralement pas se soustraire à l’effort collectif.  Sur le fonctionnement de l’assemblée, c’est plus discutable. Faire des économies est évidemment légitime. Mais la limite de ces économies doit être le bon fonctionnement de l’institution, parce que c’est un enjeu démocratique.

Ce vote en bureau d’hier a mis un coup de projecteur sur un débat qui, jusqu’à présent, était réservé au petit monde politico-médiatique. Maintenant que les choses sont sur la place publique, les élus ne peuvent plus reculer. Mais c’est comme pour la formation du gouvernement : ces réformes vont devoir être adoptées en séance plénière. Pour cela, il faut une majorité. Or, les partis de droite qui ont fait passer le texte en bureau ne l’ont pas, cette majorité, en plénière. Il faut donc que nos partis politiques se parlent, négocient et arrivent à une forme de consensus. C’est un principe de base dans une démocratie parlementaire régie par le scrutin proportionnel : personne ne peut avoir raison tout seul.

Fabrice Grosfilley

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