Degryse dit avoir “pris acte” du succès de la grève des enseignants mais maintient le cap
Le gouvernement MR-Engagés a dit mercredi avoir “pris acte” de la forte participation à la grève du monde enseignant de mardi, sans renoncer pour autant à ses réformes qu’il entend toujours mener “dans la concertation” avec les acteurs de l’école.
“Nous avons pris acte que cette grève a été fort suivie. Nous ne vivons pas dans une tour d’ivoire”, a répliqué la ministre-présidente Elisabeth Degryse (Engagés), interpellée avec force mercredi par l’opposition en séance plénière du Parlement sur la mobilisation du monde enseignant mardi. “La grève est un moyen qui existe pour montrer son désaccord et c’est un moyen que nous respectons”, a ajouté la cheffe du gouvernement, tout en rappelant son attachement à la concertation. “Mais se concerter ne veut pas dire être d’accord sur tout”.
Face à des députés PS, PTB et Ecolo relayant les craintes exprimées par monde enseignant, Mme Degryse a une nouvelle fois justifié les économies menées par l’état dégradé des finances de la FWB. “Le contexte budgétaire est extrêmement compliqué et le sera pour les cinq années à venir”, a-t-elle rappelé.
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Cible privilégiée des acteurs de l’école ces derniers jours, la ministre de l’Education Valérie Glatigny (MR) a elle aussi justifié les économies menées par le contexte budgétaire compliqué. “Je sais que les mesures d’économies ne font plaisir à personne. Je ne m’attendais pas à avoir des applaudissements. Je ne fais pas de la politique pour être aimée. Je fais de la politique pour trouver des solutions à des problèmes, sinon je vendrais des glaces ou des chocolats”, a répliqué la libérale aux multiples attaques des députés d’opposition. La ministre a aussi quelque peu relativisé les 15 millions d’euros d’économies prévues dans l’enseignement qualifiant, lequel bénéficie d’un budget global d’un milliard d’euros, a-t-elle rappelé. “Nous avons un enseignement parmi les mieux financés au monde. (…) Réorganiser l’enseignement ne veut pas dire le dévaloriser”.
Déplorant certains “malentendus et aussi un peu de désinformation” (dans le chef des syndicats, ndlr), Mme Glatigny a par ailleurs réfuté toute volonté de licencier 500 enseignants dans le qualifiant. A l’heure où l’on manque de profs, cela n’aurait aucun sens, a-t-elle fait valoir. Mme Glatigny a enfin confirmé la volonté du gouvernement de mettre un terme à la staturisation des enseignants. Cet arrêt ne sera toutefois effectif qu’à partir de 2027, année où les premiers enseignants formés en quatre ans sortiront des écoles normales. Ces enseignants débutants pourront alors profiter d’un “CDI-E” (contrat à durée indéterminée pour enseignant), assorti d’un second pilier de pension. “Ce qui m’importe, c’est de donner un statut à ceux qui n’en ont aucun aujourd’hui”.
Devant les députés, la ministre a reconnu mercredi que cette réforme engendrerait un coût supplémentaire pour la FWB. “Mais ce qui nous guide, ce n’est pas les économies mais la pénurie des enseignants”, a-t-elle insisté. Face à la dégradation de ses relations avec le monde enseignant, Mme Glatigny a néanmoins assuré mercredi que “sa porte restait plus que jamais ouverte”. Celle-ci a d’ailleurs rencontré mercredi matin les différentes fédérations de pouvoirs organisateurs. L’opposition s’en est donné à coeur joie lors de ce débat. Bénédicte Linard (Ecolo) a vivement déploré la fin de la concertation avec le secteur. “En quatre mois à peine, vous avez réussi à rassembler tous les acteurs de l’école contre vous!”.
Dorothée De Rodder (PS) est allée un pas plus loin encore, invitant la ministre-présidente à reprendre cette concertation en main vu les “critiques unanimes” envers sa ministre de l’Education. Amandine Pavet (PTB) a, elle, reproché au gouvernement de s’en prendre, en ciblant l’enseignement qualifiant, aux élèves les plus modestes. L’élue communiste a en outre accusé la ministre Glatigny de “mentir”. Du côté de la majorité, Diana Nikolic (MR) n’a pas nié le mécontentement actuel des enseignants. Mais la libérale a rappelé que cette colère était apparue sous la précédente législature déjà (avec une ministre de l’Education socialiste, ndlr). Mathilde Vandorpe (Engagés) s’est montrée plus empathique, disant comprendre “l’inquiétude profonde et légitime” des enseignants. Le signe, selon elle, de leur “attachement à leur métier et leurs élèves”. “Il est important de les rassurer sur leurs conditions de travail et leur avenir”, a-t-elle d’ailleurs plaidé.
Belga